« pavois », définition dans le dictionnaire Littré

pavois

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pavois

(pa-voî ; l's se lie : un pa-voî-z orné) s. m.
  • 1Ancien synonyme de bouclier. Lorsque les seigneurs avaient élu les rois, ils les élevaient sur un grand pavois et les faisaient porter dans le camp, où le peuple, étant assemblé en armes, confirmait le choix, Mézeray, Hist. de France, Pharamond. Ils [les Gaulois] n'opposaient que de petits pavois aux épées des Romains, qui étaient lourdes et massives, Rollin, Hist. anc. t. IX, p. 130, dans POUGENS. Toute sa vaisselle [de Salomon] et les meubles de sa mai son du Liban étaient de pur or, sans compter deux cents pavois d'or dont chacun valait près de treize mille livres, Fleury, Mœurs des Israél. tit. XXVII, 2e part. p. 342, dans POUGENS. … Des vieux héros de sa race [duc de Bordeaux] Le premier titre fut l'audace, Et le premier trône un pavois, Lamartine, Méd. I, 15.

    Fig. Élever sur le pavois, mettre en grand honneur ou grande renommée.

    Grand bouclier carré, en usage au XIVe et au XVe siècle ; il couvrait presque entièrement le combattant, qui descendait alors de cheval.

  • 2Se disait pour but d'un tir à l'arc, à l'arbalète ; s'emploie encore en ce sens dans quelques provinces.
  • 3 Terme d'ancienne marine. Boucliers dont on garnissait le bord supérieur du navire et le tour de la hune, pour faire un rempart à l'abri duquel on combattait.

    Plus tard, tenture dont on bordait un navire soit pour décoration, soit pour cacher ce qui se passait sur le pont pendant le combat. J'ai donné ordre de faire faire cinq cents aunes de pavois pour les trois vaisseaux qui sont à Dunkerque, Seignelay, dans JAL.

    On appelle encore pavois, les bordages cloués sur les jambettes, ou plus haut que le plat-bord. Il y a aussi les bordages dits pavois de poulaine.

  • 4Genre renfermant des espèces aplaties d'échinides.

HISTORIQUE

XIVe s. Jehan Bonnet mestre de la net Sainte Marie la Bariande, a recheu… vint pavois aux armes de Franche, dans JAL. Et pavaix et escus moult noblement oevré, Guesclin, 19802.

XVe s. Il ont lances, vouges, pavast, Et sont une grosse puissance Garniz d'arbalestes et ars, Myst. du siége d'Orléans, p. 688. Gaignerent une maison, prindrent deux ou trois huys, et s'en servirent de pavoys, Commines, I, 3.

XVIe s. Ne faut-il pas s'armer et faire pavois de pauvreté à l'encontre de la douleur de privation des biens…, Amyot, Solon, 10. Avezedo fit ouvrir le milieu de son retranchement, qui estoit fait de pavois de navire, D'Aubigné, Hist. III, 197. Il repondit qu'il faisoit pavois de sa conscience contre tous les juges, Pasquier, Recherches, VI, 9.

ÉTYMOLOGIE

Esp. paves ; ital. pavese et palvese. Origine inconnue. On peut voir dans du Cange les autres formes françaises : pavars, pavail, pavoisine, pavesche, pavesme. Les textes les plus anciens sont du XIVe siècle ; cependant on trouve, de la fin du XIIIe (1299), pavensis, qui est la représentation latine correcte du français pavais ou pavois, et de l'italien pavese. Ménage y voyait le latin parma par l'intermédiaire de parmensis. Ferrari le tire de Pavia, à cause que ces grands boucliers auraient été fabriqués d'abord à Pavie ; Diez penche pour cette origine.