« précaire », définition dans le dictionnaire Littré

précaire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

précaire

(pré-kê-r') adj.
  • 1Qui ne s'exerce que par permission, que par tolérance, avec dépendance. Possession précaire. Par la nature du climat et du terrain, le peuple chinois a une vie précaire ; on n'y est assuré de sa vie qu'à force d'industrie et de travail, Montesquieu, Esp. XIX, 20. Tu n'avais que la liberté précaire d'un esclave à qui l'on n'a rien commandé, Rousseau, Émile, V.

    Commerce précaire, s'est dit du commerce que deux nations ennemies font ensemble sous un pavillon neutre.

  • 2 Par extension, qui a peu de solidité, de force, en parlant de principes, de conjectures. Ce n'est point une supposition précaire, mais un fait qu'on peut démontrer par une expérience très aisée à répéter, Buffon, Min. t. II, p. 150. M. Bucquet employait une partie de ses cours à combattre ces préjugés [fausses applications de la chimie à la médecine], à montrer combien les principes chimiques qui leur servaient de base étaient précaires, Condorcet, Bucquet.
  • 3 S. m. Terme de jurisprudence. Un précaire, un prêt obtenu par prière, et, de là, sorte de contrat de bail que des personnages puissants consentaient à de plus humbles, par exemple, en droit romain, les patrons aux clients, et, en droit français, au moyen âge, précaire ecclésiastique, bail emphytéotique des biens d'église à des laïques.

    Par précaire, à titre de précaire, se dit des choses dont on ne jouit que par une concession toujours révocable. Sans vouloir examiner si on ne pourrait pas soutenir qu'en effet il [David] était roi de droit, et que Saül ne régnait que par tolérance ou, en tout cas, par précaire et comme simple usufruitier, Bossuet, 5e avert. 28.

    Posséder par précaire, posséder non comme propriétaire, mais seulement comme emprunteur ou comme teneur à bail.

HISTORIQUE

XVIe s. Les Morisques aprenoient tous les jours par les pilleries espagnolles, que toute vie precaire cesse bien tost d'estre vie, D'Aubigné, Hist. I, 346. Chascun, pour sauver sa vie et respirer une ame precaire, se faisoit bourreau de son compagnon, D'Aubigné, ib. I, 122. En ce cas telle donation ne vaut ; et ne suffiroit retention d'usufruit, constitution de precaire, ou autre ficte tradition, Coust. génér. t. I, p. 398.

ÉTYMOLOGIE

Prov. precari ; espagn. et ital. precario ; du lat. precarius, de prex, precis, prière : obtenu par prière.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PRÉCAIRE. Ajoutez : - REM. En termes de droit ancien, précaire, substantif, est masculin. Mais on le trouve aussi féminin chez des auteurs qui ont écrit sur les origines du moyen âge : Précaire, acte par lequel un propriétaire demandait à ne plus avoir sa propriété qu'en usufruit. La précaire fut à la fois et l'acte de concession d'une terre à titre d'usufruit, et la terre elle-même concédée dans cette forme, E. Boutaric, Des origines du régime féodal, Paris, 1875, p. 10. On vit au VIIIe siècle une foule de propriétaires succombant sous le poids des charges publiques, et notamment du service militaire, abandonner leur propriété et la recevoir en usufruit sous forme de précaire, ID. ib. p. 11.