« sabler », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
sabler
- 1Couvrir de sable. Sabler les allées d'un parc.
Il fait sabler son parterre
, Sévigné, 582. - 2Fondre dans un moule de sable.
Fig. et familièrement. Boire tout d'un trait, fort vite.
Ce vieux Crésus, en sablant du champagne, Gémit des maux que souffre la campagne
, Voltaire, Ép. 64.Il balançait les avantages et les inconvénients qu'il y aurait à épouser la présidente, et calculait combien une femme de cinquante ans pouvait vivre encore en sablant tous les soirs sa bouteille de champagne
, Marmontel, Cont. mor. Philos. soi-dis.Ainsi le bon Horace, avec de vrais amis, Faisait une satire en sablant le falerne
, Picard, Amis de collége, I, 15.Faute de vin d'élite, Sabler ceux du canton
, Béranger, Rog. B.Absolument.
J'aime les liqueurs ; c'est ma folie ; il y en a dans ce cabinet ; vous allez voir comme je sable
, Dancourt, l'Opérateur Barry, sc. 12.Sabler un verre de vin, c'est l'avaler tout d'un coup, le jeter dans le gosier comme la matière fondue se jette dans le moule de sable.
- 3 Terme d'argot. Assommer quelqu'un avec une peau d'anguille remplie de sable.
HISTORIQUE
XVIe s. La sabler [la surface d'un amphithéâtre] de vermillon et de storax, au lieu d'arene
, Montaigne, IV, 13.
ÉTYMOLOGIE
Sable 1.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
SABLER. Ajoutez : - REM. M. Roche, de Marseille, m'écrit : « Sabler le champagne, c'est le boire d'une manière particulière que l'on pratiquait fort au siècle dernier, si j'en crois les souvenirs que rapportent quelques personnes : elle consistait à prendre un verre, celui qu'on désigne sous le nom de flûte, à y souffler dedans de manière à recouvrir la surface interne d'une légère buée, à saupoudrer ensuite avec du sucre finement pulvérisé ; une portion restait adhérente aux parois ; dès lors, l'excès de sucre rejeté, c'était dans cette gaîne de sable que l'on versait le champagne, qui se résout alors complétement en mousse. En donnant cette origine à la locution, on reconnaît le fait démontré du dégagement gazeux facilité dans une dissolution par l'introduction d'un corps rugueux et, à fortiori, par une matière pulvérulente. On comprend également que, par transition, on ait pu attribuer à cette locution le sens généralement admis : on ne sablait le champagne que pour le rendre plus mousseux ; de là la nécessité de le boire vite et d'un trait. » En fait de locution, la moindre tradition vaut mieux que la plus belle conjecture. Je pense donc qu'on peut accepter l'explication fournie par M. Roche.