« sape », définition dans le dictionnaire Littré

sape

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sape

(sa-p') s. f.
  • 1 Terme rural. Espèce de petite faux, qui est usitée en Belgique et dans le nord de la France.
  • 2 Par extension du nom d'outil au travail même, ouvrage fait sous terre pour renverser une muraille, une tour, etc. Il y avait une troisième tour fort ébranlée, qui fût tombée aux premiers coups de la sape, Perrot D'Ablancourt, Arrien, I, 7.

    Fig. Chacun a sa manière… travaillez par la sape, tandis que j'irai avec le fer et le feu renverser et brûler tout ce qui m'opposera quelque résistance, Voltaire, Dial. 31.

  • 3Tranchée qu'on exécute dans les siéges en employant des procédés particuliers pour se mettre à l'abri de la mousqueterie et de la mitraille ; c'est en général à l'aide de gabions qu'on se couvre ; on emploie quelquefois des sacs à terre. Pousser la sape. Aller à la sape. Le glacis, d'où l'on prétend que l'on commencera à travailler par la sape pour percer le fossé, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 178.

    Sape volante : les travailleurs placent sur le sol une file de gabions jointifs et piochent en arrière afin de les remplir de terre.

    Sape pleine ou simplement sape : les sapeurs posent et remplissent les gabions du parapet les uns après les autres ; ils sont protégés, dans la direction de la tranchée, par un gabion farci, qu'ils font rouler sur le sol. On distingue la sape simple qui n'a qu'un seul parapet, et la sape double ou sape debout qui se compose de deux sapes pleines simples.

    Sape demi-pleine, sape pleine faite sans employer de gabion farci. M. le Prince avait résolu de différer jusques au soir, parce qu'on n'avait pu encore achever un autre logement, par lequel il voulait soutenir celui-là, et auquel on travaillait à demi-sape, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 300.

    Sape demi-double, celle qui n'a que la moitié de la largeur de la sape double ; l'une de ses gabionnades est remplie par des sacs à terre.

    Retour de sape, changement de direction d'une sape par suite duquel son parapet change de côté.

    Tête de sape ; c'est son extrémité antérieure, le point où les sapeurs travaillent.

    Fagot de sape, sorte de fascine qu'on plante verticalement pour recouvrir les joints des gabions, dans les sapes.

    L'ouvrage même qu'on fait en sapant. La sape est fort avancée.

  • 4 Terme de maçonnerie. Ouverture qu'on fait au pied d'un mur pour le faire tomber.

HISTORIQUE

XVe s. Un baston ferré au bout, appellé sappe, Du Cange, sapellata.

XVIe s. …Pour faire provision de pelles, hoiaux, sappes, et autres outils de castadoux [gastadours], Du Bellay, M. 434. …Que le plus expedient estoit de prendre le chasteau par la sappe. …Parquoy furent mis pionniers de tous costez pour besongner à la mine. …Après ledit sappement qui dura environ quinze jours ou trois sepmaines, tomba la moitié d'une tour, Du Bellay, M. 438.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. zapa ; ital. zappa. Le latin a sappa, hoyau (dans Isidore), et dans des textes anciens du moyen âge sapa. Il est vrai que le z espagnol et italien ne paraît pas représenter une s latine. Aussi Diez a-t-il songé, par conjecture, au grec σϰάπτειν, fouiller, et Chevallet à l'ancien hautallemand spato, bêche ; mais il ne paraît pas possible de séparer zappa ou zapa du sapa latin, voy. d'ailleurs l'espag. zafiro, et l'ital. zaffiro, qui viennent incontestablement du lat. sapphirus. On a dit sapeau : Nous ferons délivrer… toutes les provisions de fer et de bois et autres choses, outils, sapeaux…, Bail Boutet, Lett. pat. 27 juin 1680.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SAPE.
1Ajoutez : La sape moissonne mieux les blés versés que la faux, et elle secoue peu les céréales ; bien manoeuvrée, elle abat dans une journée de 30 à 35 ares, Journ. offic. 15 sept. 1872, p. 6022, 1re col.