« saper », définition dans le dictionnaire Littré

saper

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saper

(sa-pé) v. a.
  • 1 Terme rural. Abattre les céréales avec le fauchon ou la sape.
  • 2Travailler avec le pic et la pioche à détruire les fondements d'un édifice, d'un bastion, etc. Puis, pour donner assaut, ils sapent ses murailles, Mairet, M. d'Asdrub. I, 3.

    Par extension. Sur l'ennemi commun [le lutrin] ils fondent en tumulte ; Ils sapent le pivot, qui se défend en vain, Boileau, Lutr. IV. Semblable à ces terrains qui paraissent fermes et immobiles, mais que l'on sape peu à peu par dessous, Fénelon, Tél. XX.

    Fig. Puissent tous ses voisins [de Rome], ensemble conjurés, Saper ses fondements encor mal assurés, Corneille, Hor IV, 5.

  • 3 Terme de maçonnerie. Abattre un mur par le pied.

    Se dit aussi des rochers qu'on veut faire ébouler et qu'on abat par sous-œuvre et par le pied.

  • 4 Fig. Miner en attaquant les principes, comme on mine une muraille en attaquant les fondements. Les sentiments [d'un livre de Buchanan] sont si excessifs, qu'il a été discuté par les plus habiles gens de la réforme ; mais aujourd'hui M. Jurieu en prend l'esprit ; et aussi ne lui restait-il que ce moyen-là de saper les fondements et de renverser le droit des monarchies, Bossuet, 5e avert. 12. On en a vu enfin [des maux] qui ont sapé par les fondements de grands empires, La Bruyère, X. Il est clair que leur système [des optimistes : tout est bien] sape la religion chrétienne par les fondements, et n'explique rien du tout, Voltaire, Dict. phil. Bien, tout est bien.

HISTORIQUE

XVIe s. J'ay par si longtemps jeusné que les jeusnes m'ont sappé toute la chair, Rabelais, Pant. V, 1. … à fin que tout seuls nous sappions Les haultes tours et murailles de Troie, Amyot, Com. lire les poët. 31. Quand douteusement avecques crainte et peu à peu elle [la remontrance] vient à approcher et toucher le faillant, elle sappe et mine petit à petit son vice, Amyot, Comm. disc. le flatt. 55. S'ils [les médecins et leur régime] ne font aultre bien, ils font au moins cecy, qu'ils preparent de bonne heure les patients à la mort, leur sappant peu à peu et retranchant l'usage de la vie, Montaigne, IV, 263.

ÉTYMOLOGIE

Sape ; ital. zappare.