« serein.2 », définition dans le dictionnaire Littré

serein

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

serein [2]

(se-rin) s. m.
  • Humidité fine, pénétrante, généralement peu abondante, qui tombe après le coucher du soleil, ordinairement pendant la saison chaude et sans qu'il y ait de nuages au ciel. Et celui-ci [oreiller] pour vous garder du serein, Molière, Mal. imag. I, 7. Je fus avant-hier toute seule à Livry me promener délicieusement avec la lune ; il n'y avait aucun serein, Sévigné, 213. Je reviens quand il fait du serein, de peur de vous déplaire, Sévigné, 432. Une sotte timidité me fait rompre avec l'aimable serein, le plus ancien de mes amis, que j'accuse peut-être injustement de tous les maux que j'ai eus, Sévigné, 9 oct. 1676. Il vaut mieux rapporter ici vos belles dents que de les perdre en Provence par le serein, Sévigné, à Mme de Grignan, 15 avr. 1671. Hélas ! du serein, bon Dieu ! où le pourrions-nous prendre ? il faudrait qu'il y eût de l'air, Sévigné, 27 sept. 1687. Mlle du Rocher, qui était là, observa que le serein tombait et pourrait incommoder Léocadie, Genlis, Mères riv. t. II, p. 123, dans POUGENS. Je prendrais l'air un moment sous ces arbres. - C'est le serein que tu prendras, Beaumarchais, Mar. de Fig. V, 5.

HISTORIQUE

XIIIe s. Del martin tresk' al serain, Poeme d'Haveloc, V. 768.

XIVe s. Perchiez l'esprevier et reposez et laissiez passer le chault, et après volez au serain, Ménagier, III, 2.

XVe s. Abusé m'a et faict entendre… Du matin qu'estoit le serain, Villon, Gd Test. Double ball.

XVIe s. Ostezvous du serein, craignez-vous point le rheume ? , Desportes, Diverses amours, XIV, contre une nuit trop claire. J'avais toujours appris que le serein ne s'espandoit qu'à la naissance de la nuit, Montaigne, III, 13. Se mettre à couvert du serein, Montaigne, II, 342.

ÉTYMOLOGIE

Berry, serein, promenades et repas nocturnes que l'on fait faire aux brebis à partir de la mi-juillet jusqu'à la fin d'août : mener les oueilles au serein ; provenç. seren ; catal. seré ; espagn. portug. et ital. sereno. Ménage le dérive de serenus, parce que le serein tombe particulièrement les jours sereins. Mais déjà La Monnoye a contesté cette étymologie, et remarqué qu'il s'agissait non du temps serein, mais du temps du soir. Cette conjecture prend une grande force par l'historique, où, dans les textes anciens, serain n'a que le sens de soir. Il faut donc admettre une dérivation de serum, le soir, ou plutôt une confusion de la très ancienne langue qui rattacha serenus, serein, à serum, soir.