« ton », définition dans le dictionnaire Littré

ton

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ton [1]

(ton ; devant une voyelle et une h muette : to-n ami, to-n homme) au masculin ; TA (ta) au féminin ; TES (tê, l's se lie : têz amis) au pluriel pour les deux genres.
  • 1Adj. possessif qui répond au pronom personnel tu, toi. Ton ami, ta femme, tes affaires. Prends du repos, ma fille, et calme tes douleurs, Corneille, Cid, II, 9. Ton oncle, dis-tu, l'assassin, M'a guéri d'une maladie, Boileau, Épigr. XX.
  • 2 Par un solécisme qui s'est introduit au XIVe siècle et qui dès lors a pris force d'usage, ton, au masculin, précède les noms et les adjectifs féminins qui commencent par une voyelle ou par une h muette. Ton heureuse audace. Quoique ton ennemie, Je ne puis te blâmer d'avoir fui l'infamie, Corneille, Cid, III, 4.

    L'ancienne langue disait ta et élidait l'a, comme dans l'article la ; t'ame, t'espée.

  • 3Ton, ta, tes placés devant les adverbes comparatifs font superlatif. Ton plus fidèle ami.

HISTORIQUE

XIe s. Qu'il devendra, jointes ses mains, tis homs [ton homme], Ch. de Rol. XX. Dame, dist ele, jo i ai si grant perte! Ore vivrai en guise de turtrele ; Quant n'ai tun filz, ensemble ot tei voil estre, St Alexis, XX.

XIIIe s. Vilain, fist Renart, je n'ai cure De tes poucins ; qu'il soient ton, Ren. 5332. Garde ton cor, panse de t'ame, Fabl. et contes anc. t III, p. 46.

XIVe s. Et s'il y a femme qui gise [soit en couches], Soit tantost ton enseigne mise Sur le sommet de la maison, Machaut, p. 115. La quarte branche de ire si est quant par ton ire tu as esmeu Dieu par jurer, Ménagier, I, 3.

XVe s. Amis, t'amour me contraint, Chartier, Œuv. p. 773.

XVIe s. … quand jamais elle ne t'escriroit, Ja pour cela t'amour ne periroit, Marot, I, 325. Pour ton amour j'ay souffert tant d'ennuis, Marot, III, 331.

ÉTYMOLOGIE

Picard, ten tin, t'n devant une voyelle ; provenç. tos au nom. sing. et au régime pluriel, ton au régime singulier, ta au féminin, tiei, tei, au nominatif pluriel ; du lat. tuus, qui dérive de tu, tu, toi. Dans l'ancien français tis est le nominatif masculin, ton est le régime ; ti le nominatif pluriel, tes le régime pluriel. Ton représente tuum.