« écurer », définition dans le dictionnaire Littré

écurer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

écurer

(é-ku-ré) v. a.
  • Débarrasser de toute ordure. Écurer un puits. Il roule les yeux en mangeant ; la table est pour lui un râtelier ; il écure ses dents et il continue à manger, La Bruyère, XI. Mais est-il bien possible que ma sœur soit en Turquie ? disait-il. - Rien n'est si possible, reprit Cacambo, puisqu'elle écure la vaisselle chez un prince de Transylvanie, Voltaire, Candide, 27.

    Enlever la bourre dont les chardons se sont remplis en parant les draps.

    PROVERBE

    Il faut aller à Pâques écurer son chaudron, c'est-à-dire nettoyer sa conscience, aller à confesse.

SYNONYME

ÉCURER, CURER. Ces deux mots ne diffèrent que par le préfixe é-, es- ; à la vérité, on a dit que écurer c'était nettoyer avec du sablon, du charbon ou autre chose semblable ; mais comme l'Académie dit écurer un puits et la Bruyère écurer ses dents, cette distinction ne peut subsister ; la seule nuance serait que écurer signifierait curer complétement.

HISTORIQUE

XIIIe s. K'amours netie et escure Le cuer k'ele a bien saisi, Poésies mss. du Vatican, dans LACURNE. Devant la mie-nuit li tems un peu s'escure, Berte, XLII. Les simples gens asseürées, De toutes cures escurées, Fors de mener jolivetés Par loiaus amiabletés, la Rose, 8480.

XIVe s. Que aucuns ne puisse ou doie soubz icelle peine escurer au foulon aucun drap à sain [graisse], Du Cange, escurare.

XVe s. Dont je puis bien conclure sans pechier, Par les signes que l'euvangile escure. Que le monde veut sa fin adressier, Deschamps, Poésies mss. dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

, Wallon, hurer ; Berry, le temps s'écure, s'éclaircit ; prov. et espagn. escurar ; lombard sgurà ; du latin ex-curare, ex et curare, soigner (voy. CURER), d'après Diez qui écarte l'étymologie germanique : suédois, skura ; holland. schuren ; allem. scheuern ; angl. to scour, nettoyer, mots qu'il regarde comme étant d'origine romane. Le celtique a aussi le mot : gaël. sgur ; irl. sguraim, nettoyer ; mais il est probable que là aussi l'origine est romane. L'ancien français avait en outre l'adjectif escuré, sans souci, qui vient du latin ex, sans, et cura, souci.