« évaporer », définition dans le dictionnaire Littré

évaporer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

évaporer

(é-va-po-ré) v. a.
  • 1Résoudre en vapeur, en parlant des liquides. Évaporer lentement un liquide, l'évaporer à une douce chaleur.
  • 2 Fig. Donner issue, laisser s'exhaler. Et que chacun, lassé du souci qui l'accable, Cherche à l'évaporer pour le moins en discours, Corneille, Imitation, I, 10. Je n'étais point fâché d'évaporer ma bile, Molière, l'Ét. IV, 8.
  • 3S'évaporer, v. réfl. S'en aller en vapeurs. L'esprit de vin s'évapore aisément.

    Avec suppression du pronom personnel. Faire évaporer une liqueur à un feu lent.

    Fig. Quand le creuset des ordonnances Peut faire évaporer la loi, Béranger, Ventru.

  • 4 Fig. Se répandre au dehors, se faire jour, se faire entendre. J'ai caché si longtemps l'ennui qui me dévore, Qu'en dépit que j'en aie il faut qu'il s'évapore, Corneille, Pulch. II, 1. Souffrez qu'une imprudente ardeur, Prête à s'évaporer, respecte ma pudeur, Corneille, ib. Il, 1. Le mal qui s'évapore en devient plus léger, Corneille, Suréna, I, 1. L'innocente joie aime à s'évaporer au grand jour, Rousseau, Lett. à d'Alemb. sur les spect.

    Absolument, avec ellipse du pronom personnel. Laissons évaporer un peu sa bile émue, Regnard, Légat. v, 2.

  • 5Se dissiper, se perdre. Leur contemplation [des philosophes] s'évaporait en vaines pensées, et leurs paroles aussi peu solides qu'elles semblaient magnifiques …, Bossuet, Hist. II, 12. Au milieu des jeux et des assemblées où l'âme se dissipe et s'évapore ordinairement, la sienne se recueillait en elle-même, Fléchier, Marie-Thér. Ce n'est pas que ce cœur se soit jamais évaporé dans les chimères d'une fausse gloire, Mascaron, Or. fun. de Turenne. Dès qu'il a de l'argent, son amour s'évapore, Regnard, le Joueur, I, 2. … un passé qui s'évapore, Lamartine, Médit. X. Et que les saints échos de la voûte sonore Te portent plus brûlant, avant qu'il s'évapore, Le soupir qui te cherche en montant vers les cieux, Lamartine, Harm. I, 8. [La vie] Songe qui s'évapore, étincelle qui fuit, Lamartine, ib. III, 9.

    Son esprit s'évapore, il devient fou. J'ai … vu ses yeux s'égarer, Et son esprit frappé soudain s'évaporer, Regnard, Fol. amour. II, 6.

  • 6Montrer de la légèreté dans ses discours, dans sa conduite. Ce jeune homme s'évapore.

    Il commence à s'évaporer, se dit de celui qui, après avoir mené une vie réglée, se dérange.

SYNONYME

ÉVAPORER, VAPORISER. Employés en parlant de liquides, ces mots peuvent être distingués en ce que par l'évaporation on laisse perdre la vapeur dans l'atmosphère, tandis qu'on la recueille par la vaporisation. On vaporise de l'eau pour utiliser la vapeur aqueuse comme force motrice. On évapore un extrait, un sirop, pour les concentrer, c'est-à-dire afin d'en augmenter la densité en diminuant la quantité du liquide qu'ils contiennent, Legoarant De plus l'évaporation se fait même à une température basse, tandis que la vaporisation se fait à la température de l'ébullition.

HISTORIQUE

XIVe s. Que les fumées du chief se puissent legierement evaporer et passer par les cheveux, H. de Mondeville, f° 12, verso.

XVIe s. Ce feu s'estant évaporé, tout à un instant, mon ame …, Montaigne, II, 328.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. evaporar, esvaporar ; espagn. evaporar ; ital. evaporare ; du latin evaporare, de e, et vapor, vapeur.