« brouillard », définition dans le dictionnaire Littré

brouillard

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

brouillard [1]

(brou-llar, ll mouillées, et non brou-yar ; le d ne se lie pas : un brou-llar épais ; au pluriel l's ne se lie pas : des brou-llar épais ; cependant plusieurs la lient : des brou-llar-z épais) s. m.
  • 1Vapeur qui obscurcit l'air, ou, plus précisément, amas d'eau à l'état de vapeur vésiculaire, qui flotte dans l'atmosphère très près de terre et trouble la transparence de l'air. Quand il fait brouillard, je ne sors point, Sévigné, 589. Lui-même abandonnant le séjour des brouillards, Vient-il dans le désert s'offrir à vos regards ? Ducis, Oscar, I, 2.

    N'y voir qu'à travers un brouillard, avoir la vue extrêmement affaiblie.

    Familièrement. Je n'y vois que du brouillard, je n'y comprends rien.

    Fig. Une créance hypothéquée sur les brouillards de la Seine, créance dont rien ne garantit le payement.

    Être dans les brouillards, être un peu pris de vin.

  • 2 Fig. Obscurité. Vraiment vous me le dépeignez si fort au naturel que je crois encore l'entendre ; c'est-à-dire si l'on peut ; car, pour moi, je trouve qu'il y a un grand brouillard sur toutes ses expressions, Sévigné, 243. Sans nous plonger dans les brouillards de la métaphysique, Voltaire, Jenni, 9. … Un docteur orgueilleux Qui, le cerveau troublé des vapeurs d'un système, Prend ces brouillards épais pour le jour du ciel même, Voltaire, 2e Discours.

    Un esprit plein de brouillards, un homme dont les idées sont confuses.

HISTORIQUE

XIVe s. Pour les fumosités et brouillas, l'en ne peut voir les rochers, Oresme, Eth. 53.

XVe s. Ainsi, en yver le pluvieux, Qui vens et broillars fait lever, L'air d'amour epidimieux Souvent parmy se vient bouter, Orléans, Bal. 140. Fouir [fuir] ce brouillas de temps, Chartier, Espérance ou consolat. des trois vertus.

XVIe s. Mais une nuict, qui dessus luy s'arreste, D'un noir brouillas luy ombrage la teste, Du Bellay, J. IV, 63, verso. Et dont le chef sans cesse couronné D'obscurs brouillards…, Du Bellay, J. IV, 13, recto. Et voyla comme paix Misrent en l'air soubz les broillas espais De trahison, Marot, J. V, 213. Comme le regard du soleil perce et dissipe un brouillas opaque, Montaigne, III, 64. Il dict qu'il lui avoit semblé estre en une confusion de toute chose, et n'avoir rien veu qu'une espesse nue et brouillart obscur, Montaigne, IV, 322. Le lendemain au matin il feit d'adventure un brouillas fort espès, Amyot, Publ. 39. Jà commençoit le brouillas à tumber, et l'air à s'esclaircir, Amyot, Flamin. 12.

ÉTYMOLOGIE

De même racine que brouée (voy. ce mot). Cependant il faut remarquer que, dans brouillard, l'assimilation avec brouiller a agi pour le rapprocher de ce verbe ; mais la forme brouas, qui est à l'historique de brouée, témoigne de l'identité de brouée et brouillard. Brouillas, brouas étaient plus usités que brouillard, qui pourtant est seul resté. Quelque orage… A, comme d'un brouillas, ta personne couverte, Régnier, Ép. I.