« commune », définition dans le dictionnaire Littré

commune

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commune

(ko-mu-n') s. f.
  • 1Dans le régime féodal, le corps des bourgeois d'une ville ou d'un bourg ayant reçu charte qui leur donnait droit de se gouverner eux-mêmes.

    Affranchissement des communes, acte par lequel Louis le Gros et en général tout seigneur octroya la liberté aux serfs sous certaines conditions. Nous avons considéré que, bien que l'autorité soit entière dans la personne du roi, nos prédécesseurs n'avaient point hésité à en modifier l'exercice, suivant la différence des temps ; que c'est ainsi que les communes ont dû leur affranchissement à Louis le Gros, Préambule de la charte constitutionnelle de 1814. Des libertés immémoriales prenaient l'air de concessions récentes ; toute commune semble une pure émanation de la volonté royale, et Louis le Gros, comme premier en date, a l'honneur de l'initiative ; de là vient que Beauvais et Noyon passent pour les plus anciennes communes de France ; assertion vraie si l'on réduit le nom de France à ses limites du XIIe siècle, et fausse si on l'applique à tout le territoire sur lequel il s'étend aujourd'hui, A. Thierry, Lett. sur l'hist. de Fr. XII.

    Les communes, les milices fournies par les communes.

  • 2Aujourd'hui, agrégation de familles rassemblées dans une certaine circonscription de territoire, et unies par des relations de voisinage et des intérêts communs, que gère une administration commune.

    Division territoriale administrée par un maire et un conseil municipal.

    L'être collectif représentant les habitants d'une commune. Il assigna la commune devant le tribunal.

    Dans l'histoire de la Révolution, quand on dit la commune, on entend la municipalité de Paris qui s'organisa en 1789 sous la présidence du prévôt des marchands.

    L'hôtel de ville, la mairie. Il se rendit à la commune.

  • 3En un sens restreint, les communes, les populations rurales.

    Autrefois, les communes, biens communaux. Mener paître les troupeaux dans les communes.

  • 4La bourgeoisie ou le peuple, par opposition à la noblesse. La commune s'allait séparer du sénat, La Fontaine, Fab. III, 2. L'Église avait tout à craindre des grands et rien des communes, Chateaubriand, Génie, IV, VI, 11.

    La chambre des communes, la chambre basse du parlement anglais, c'est-à-dire l'assemblée des députés élus par les bourgs et cités du royaume.

HISTORIQUE

XIIe s. J'ai le transcrit des lettres (einsi n'eschaperez), Qui vus ad de commune eclesial sevrez, Th. le mart. 124.

XIIIe s. Et fist l'endemain semonre devant li la comune de Namur, Chron. de Rains, 227. Cil qui sont procureur par le commun d'aucune vile en laquele il n'a point de commune, Beaumanoir, 80. Et puis convient qu'il voist [aille] manoir hors du lieu de la [la] commune, Beaumanoir, XXI, 26. Le jour meismes que elle [la reine] fu acouchée, li dit l'en que ceulx de Pise et de Genes s'en vouloient fuir, et les autres communes, Joinville, 252.

XVIe s. La commune [le commun] de son armée, Montaigne, I, 4. Laisser le gouvernement ez mains de la commune [du peuple], Montaigne, I, 113. Le senat ne pouvoit venir à bout de la commune, qui à toute force vouloit tenir le party de Hannibal, Amyot, Marcel. 14. Il s'amassa d'Auvergne et de Forest grand nombre de noblesse et de communes, qui furent dissipez par les Lionnois, D'Aubigné, Hist. I, 145.

ÉTYMOLOGIE

Commun ; bourguig. lai quemeugne, la commune ; provenç. comuna, comunio ; ital. comuna.