« crocheteur », définition dans le dictionnaire Littré

crocheteur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

crocheteur

(kro-che-teur) s. m.
  • 1Portefaix qui fait usage de crochets. Et qu'il n'est crocheteur ni courtaud de boutique Qui n'estime à vertu l'art où sa main s'applique, Régnier, Sat. V. Parler comme à St-Jean parlent les crocheteurs, Régnier, Sat. IX. Il n'a écrit que pour la lie de Romulus et pour les crocheteurs du marché de Rome, Guez de Balzac, le Barbon. Cette argenterie fut apportée chez moi et laissée par des crocheteurs, Saint-Simon, 386, 218. Un beau crocheteur n'est pas un bel homme, Diderot, Lett. à Mlle Voland. Nous autres anatomistes, m'a-t-il dit une fois, nous sommes comme les crocheteurs de Paris, qui en connaissent toutes les rues jusqu'aux plus petites et aux plus écartées, mais qui ne savent pas ce qui se passe dans les maisons, Fontenelle, Mery. Un crocheteur mit le sabre à la main vis-à-vis des Quinze-Vingts ; le maréchal le tua d'un coup de pistolet, Retz, Mém. t. I, liv. 2, p. 175, dans POUGENS. Cette description est si burlesque, qu'on dirait d'un crocheteur qui est de confrérie, Fontenelle, Rem. sur Aristophane, Œuvres, t. IX, p. 415, dans POUGENS.

    Santé de crocheteur, santé robuste.

  • 2Crocheteur de serrures, de portes, voleur avec effraction.

    Par extension. Un coureur de cabarets, un crocheteur de bourses, qui va pochetant quelques écus çà et là chez le premier venu qu'il rencontre, Rousseau, Lett. à M. de Tonnerre, Corresp. t. VII, p. 87, dans POUGENS.

REMARQUE

Crocheteur, celui qui force les portes, vient de crocheter ; crocheteur, portefaix, vient de crochet ; mais crochet aurait dû donner crochetier ; il y a donc eu une paronymie qui a confondu crochetier dans crocheteur.

HISTORIQUE

XVe s. C'est ung crocheteur trop habille Pour embler joye qui tant vault ; Copper une oreille lui fault ; Il est fort larron entre mille, Orléans, Rondeau. Et audit temps par la justice ordinaire de Paris furent prins larrons, crocheteurs et autres malfaicteurs, J. de Troyes, Chron. 1466. Bon crocheteur toutes portes crochette, Faifeu, p. 16, dans LACURNE.

XVIe s. Quelque crocheteur, en portant un faix par la ville, le heurta assez indiscretement, Despériers, Contes, LXX. Faire comme le crocheteur, descharger à la porte, Oudin, Curios. fr. Comme les joueurs de comedie, vous les voyez sur l'eschaffaud faire une mine de duc et d'empereur ; mais tantost après les voylà devenus valets et crocheteurs miserables, Montaigne, I, 326. Crocheteurs et menu peuple, qui se desbauchent de leurs maisons les festes, et ne demandent que à remuer, pour piller et saccager, Condé, Mémoires, p. 598.

ÉTYMOLOGIE

Crocheter.