« draper », définition dans le dictionnaire Littré

draper

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

draper

(dra-pé) v. a.
  • 1Recouvrir de drap noir en signe de deuil. Draper un tambour. Les carrosses furent drapés.

    Absolument. Le souverain drape de violet. En Espagne, la reine mère mourut ; elle était sœur de l'empereur et seconde femme de Philippe IV, qui de sa première femme avait eu notre reine Marie-Thérèse, en sorte que le roi en drapa pour un an sans regret, Saint-Simon, 35, 154. Le roi déclara à la mort du roi d'Espagne, qu'il draperait, Saint-Simon, 82, 65.

  • 2Mettre de petits morceaux de drap aux sautereaux d'un clavecin, d'une épinette.
  • 3Garnir de draperies. Draper un lit, une fenêtre.
  • 4 Terme de peinture. Habiller une figure de vêtements amples, ou la représenter habillée de vêtements amples. Draper une figure.

    Absolument. Le talent de bien draper. C'est un sac d'où sortent une tête et deux bras ; il faut draper large, sans doute ; mais ce n'est pas ainsi, Diderot, Salon de 1765, Œuvres, t. XIII, p. 21.

  • 5 Fig. et familièrement, dire beaucoup de mal de quelqu'un. Que nous puissions draper comme ils font nos écrits, Régnier, Sat. IX. On dit qu'on l'a drapé dans certaine satire, Boileau, Sat. III. Quand Despréaux fut sifflé sur son ode, Ses partisans criaient par tout Paris : Pardon, messieurs, le pauvret s'est mépris ; Plus ne louera, ce n'est pas sa méthode ; Il va draper le sexe féminin, Fontenelle, Madrigal. Une épître au colonel où je le drapai de mon mieux, Rousseau, Conf. IV.
  • 6 Terme de relieur. Frotter avec le drap fin. On dit aussi serger.
  • 7Se draper, v. réfl. En parlant des acteurs, disposer son costume à l'antique.

    Fig. Se draper, prendre une attitude théâtrale, se faire remarquer par sa pose.

  • 8 Ironiquement. Se draper dans sa vertu, dans sa probité, vanter sa vertu, sa probité, comme si l'on s'en faisait un manteau. Cela se dit surtout d'une vertu, d'une probité affectée plutôt que réelle.
  • 9Ils se sont joliment drapés, ils ont dit beaucoup de mal l'un de l'autre.

HISTORIQUE

XIIIe s. Nus ne puet [peut] mettre aignelins avec laine pour draper, et se il le fet, il est de chascune drapée en dix sous d'amende, Liv. des mét. 121.

XVIe s. Lessez les fleurs, o deesses napées, Et appellez les fontalles nayades, Et aux forests de verdure drapées Allez querir satires et dryades, Jean D'Auton, Annales de Louis XII, ms. f° 131, dans LACURNE. Oudart se chausse de son guantelet : et de daulber Chicquanous, et de drapper Chicquanous, Rabelais, Pant. IV, 14. Tant plus avant nous entrons en ce propos, et plus ces bons seigneurs ici draperont sur la tissure, et tous, à nos depens, Marguerite de Navarre, Nouv. X. … Comme la grande quantité de fines laines, se drappans dedans le royaume, et transportèes es païs voisins, pour estre ouvrées, en rendent bon tesmoignage, De Serres, 316.

ÉTYMOLOGIE

Drap. Draper, dans le sens de critiquer, est le terme de peinture détourné pour signifier couvrir d'une draperie ridicule, railler, se moquer.