« fraternité », définition dans le dictionnaire Littré

fraternité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fraternité

(fra-tèr-ni-té) s. f.
  • 1Parenté entre frères et sœurs. Vous avez beau le renoncer pour votre frère, la renoncer pour votre sœur, vous ne détruirez pas la fraternité qui est entre vous.
  • 2Liaison étroite de ceux qui, sans être frères, se traitent comme frères. Il y a fraternité entre ces deux familles, entre ces deux compagnies. Qu'avons-nous à espérer ou à redouter du ministère anglais ? jeter dès à présent les grandes bases d'une éternelle fraternité entre sa nation et la nôtre serait un acte profond d'une politique vertueuse et rare, Mirabeau, Collection, t. V, p. 314. De là plus d'union, plus de fraternité, Chénier M. J. Gracques, II, 3. Fraternité des arts ! union fortunée ! Soirs dont le souvenir, même après mainte année, Charmera le vieillard ! Sainte-Beuve, Poésies, le Cénacle.
  • 3L'amour universel qui unit tous les membres de la famille humaine. Devise de la France républicaine : liberté, égalité, fraternité. Dieu a établi la fraternité des hommes en les faisant tous naître d'un seul qui, pour cela, est leur père commun et porte en lui-même l'image de la paternité de Dieu, Bossuet, Polit. I, I, 3. Là elle [la nature humaine] découvre les règles de la justice, de la bienséance, de la société ou, pour mieux parler, de la fraternité humaine, Bossuet, Connaiss. V, 6. La liberté générale bannira du monde entier les absurdes oppressions qui accablent les hommes et fera renaître une fraternité universelle, sans laquelle tous les avantages publics et individuels sont si douteux et si précaires, Mirabeau, Collection, t. II, p. 26.
  • 4Fraternité d'armes, union que contractaient deux chevaliers qui se promettaient de s'aider envers et contre tous.

    Par extension, il se dit de deux guerriers quelconques. L'alliance, les dons, la fraternité d'armes N'auraient-ils donc servi qu'au malheur de tous deux ? Voltaire, Olymp. I, 5.

    Il se dit même de deux nations. La fraternité d'armes qui, durant les dernières guerres, a existé entre la France et la Pologne.

  • 5Fraternité, titre que prenaient autrefois entre eux les rois et les empereurs, ainsi que les évêques et les moines.

HISTORIQUE

XIIIe s. Cil de la Trinité [nom d'un couvent] Ont grant fraternité ; Bien se sont aquité : D'asnes ont fait roucin, Rutebeuf, 172.

XVe s. Et le lendemain ils se departirent de la ville en grand fraternité, Monstrelet, liv. II, ch. 10. Et pour seurté de ferme paix jurerent les ducs d'Orleans et de Bourgoingne fraternité, et compaignie d'armes prindrent, et porterent les ordres et les devises l'un de l'autre, Geste des nobles, ch. 85.

ÉTYMOLOGIE

Prov. fraternitat ; espagn. fraternidad ; ital. fraternità ; du lat. fraternitatem, de fraternus, fraternel, dérivé de frater, frère.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FRATERNITÉ. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Car n'a nule ordre en tot le mont Où ait mainz de fraternité [que l'ordre de Clairvaux], Guiot de Provins, Bible, V. 1211.

XIIIe s. Ajoutez : Ainz fustes maintenant sorpris de la doçor et de la fraternité qui doit estre entre ceux qui en sont compaignon, Galaad, de GAUTHIER MAP (ms. de la Bibl. de Bourgogne, n° 9472, f° 21), cité dans Perceval le Gallois, t. VI, p. XLI, éd. Potvin.