« jaser », définition dans le dictionnaire Littré

jaser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

jaser

(ja-zé) v. n.
  • 1Causer, babiller. Les oisillons, las de l'entendre, Se mirent à jaser aussi confusément Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre Ouvrait la bouche seulement, La Fontaine, Fabl. I, 8. Caquet bon bec alors de jaser au plus dru Sur ceci, sur cela, sur tout…, La Fontaine, ib. XII, 11. Car madame à jaser tient le dé tout le jour, Molière, Tart, I, 1. Ah ! jamais les amants ne sont las de jaser, Molière, Tart. II, 4. On sentait qu'elle ne jasait tant que parce qu'elle avait l'innocente faiblesse d'aimer à parler, Marivaux, Paysan parv. 2e part. L'enfant qui jase et le vieillard qui radote n'ont ni l'un ni l'autre le ton de la raison, Buffon, Nature des animaux. J'attends ici quelque chose ; et deux hommes qui jasent sont moins suspects qu'un seul qui se promène ; ayons l'air de jaser, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 2.

    Fig. Vous jasez bien à votre aise, vous avez les pieds chauds, se dit à quelqu'un qui prend ses aises quand les autres se donnent de la peine.

  • 2Dire, révéler quelque chose qu'on devait tenir secret. Je voulais ne rien dire et ne pas t'accuser, Et pour ton intérêt l'empêcher de jaser, Hauteroche, Nobles de prov. II, 3. C'est bien dit, elle est fille, elle pourrait jaser, Legrand, Roi de Cocagne, II, 1. Mais quoi ! vous ne pouvez rien taire ; un peu de discrétion est bien rare aujourd'hui ; les gens crèveraient plutôt que de ne point jaser, et vous tout le premier, Courier, Seconde lettre particulière.

    Faire jaser quelqu'un, lui faire dire des choses qu'il aurait intérêt de ne pas dire. Je suis discrète, quand on me demande le secret ; non, rien ne me ferait jaser, Marivaux, Paysan parv. 6e part. Chut mes amis, il [un vin] fait jaser à table ; C'est un agent provocateur, Béranger, Agent prov.

  • 3Faire des remarques malignes, plus ou moins médisantes. Cela pourra d'abord faire jaser, Mais tout s'apaise et tout doit s'apaiser, Voltaire, Prude, V, 8. Quel scandale ! comme on va jaser dans le quartier ! Picard Et Mazères, Trois quartiers, I, 12.
  • 4Prononcer des paroles humaines, en parlant du geai, de la pie, du perroquet, du merle et autres oiseaux. Cette pie jase tout le jour. L'on ne doit pas attribuer à la structure particulière de nos organes la formation de notre parole, dès que le perroquet peut la prononcer comme l'homme : mais jaser n'est pas parler, Buffon, Ois. t. XI, p. 95.

    Jaser comme une pie, comme une pie borgne, c'est-à-dire parler beaucoup, babiller.

HISTORIQUE

XVIe s. Oyr jazer un ruisseau qui murmure, Ronsard, 739. Grenouilles qui jasez quand l'an se renouvelle, Ronsard, 297. Ce qu'ils ont accoutumé de jaser, de recompenser Dieu par œuvres de supererogation, n'est gueres plus ferme, Calvin, Instit. 613.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. gasar. On a proposé l'italien gazza, pie, mais l'italien n'a pas gazzare, et gazza eût donné en français gacer, jacer. Ayant rejeté gazza, Diez tire le mot du scandinave gassi, qui signifie jars et caqueteur ; mais jaser paraît tenir à gazouiller, et pour ce radical jas ou gaz, on a une dérivation celtique qui, étant directe, paraît préférable : breton, geiz, geid, gazouiller ; kymri, gyth, murmure.