« joute », définition dans le dictionnaire Littré

joute

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

joute

(jou-t') s. f.
  • 1Combat à cheval d'homme à homme avec la lance. Une joute à lances brisées, à fer émoulu. Les joutes étaient des combats d'occasion qui se faisaient le plus souvent sans dresser des lices, en étendant des cordes qu'on nommait estachettes, Le P. Ménestrier, De la chevalerie, p. 233, dans LACURNE.
  • 2Joute sur l'eau, espèce de divertissement dans lequel deux hommes, placés chacun sur l'avant d'un batelet, tâchent de se faire tomber dans l'eau, en se poussant l'un l'autre avec de longues lances, au moment où les bateaux courent l'un contre l'autre.
  • 3 Par extension, toute espèce de combat entre deux hommes. La joute d'Arlequin et de Scapin, qui se menacent avec grand bruit, se donnent quelques coups de bâton, et s'enfuient chacun de leur côté, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 16 juin 1769.
  • 4 Fig. Toute espèce de lutte ou de rivalité. D'autres fois Psyché se divertissait à entendre un défi de rossignols, ou à voir un combat naval de cygnes, des tournois et des joutes de poissons, La Fontaine, Psyché, I, p. 55. Quand, la première fois, un athlète nouveau Vient combattre en champ clos aux joutes du barreau, Boileau, Lutr. VI.
  • 5Il se dit de certains animaux qu'on fait combattre les uns contre les autres. La joute des coqs. La joute des cailles.

HISTORIQUE

XIIe s. Quand li lances froissent e faillent, O [avec] li espées s'entreassaillent, Ne vunt pas jostes demandant, Maiz à chapleis se vunt ferant [frappant], Rou, V. 9114. Diex, dist Geris, n'est pas joste d'enfant : Garis [protége] Gauthier mon neveu le vailant. Raoul de C. 173.

XIIIe s. Dunc li tourneimens [le tournoi] s'asembla ; Qui juste quist [chercha] tost la trova, Marie de France, Milon.

XVe s. Et messire Gille de Mauny le vit venant vers lui, qui ne desiroit autre chose que la joute, Froissart, I, I, 99. Beau sire, voulez-vous venger vostre compaignon à la jouste ou à l'espée ? Perceforest, t. I, f° 32.

XVIe s. Tout ainsi que nous nous accoustumons aux joustes et tournois et contrefaisons la guerre en plaine paix, Montaigne, I, 281.

ÉTYMOLOGIE

Berry, joûte, limite, séparation des propriétés ; provenç. josta, justa ; espagn. et portug. justa ; ital. giostra. Ménage le fait venir de justus : justa pugna, combat régulier. Mais, quand on étudie l'historique du verbe jouter, on voit que le sens d'être voisin est perpétuellement confondu avec celui de jouter. Joute, jouter viennent donc de la préposition latine juxta (voy. JOUXTE) : jouter, se joindre, et, comme disaient nos anciens, s'assembler. La signification de joûte dans le Berry y concourt. Palsgrave, p. 38, écrit jouxte, prononcé jouz-te.