« opprobre », définition dans le dictionnaire Littré

opprobre

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opprobre

(o-pro-br') s. m.
  • 1Honte profonde, déshonneur extrême. Pleurez le déshonneur de toute notre race Et l'opprobre éternel qu'il laisse au nom d'Horace, Corneille, Hor. III, 6. Jérusalem et votre peuple sont aujourd'hui en opprobre à toutes les nations qui nous environnent, Sacy, Bible, Daniel, IX, 16. Venez, rebâtissons les murailles de Jérusalem, afin qu'à l'avenir nous ne soyons plus en opprobre, Sacy, ib. Esdras, II, Néhémias, II, 17. Quoi donc ! les Romains ont-ils pu penser à honorer comme dieu celui que leurs magistrats avaient condamné au dernier supplice et que plusieurs de leurs auteurs ont chargé d'opprobres ? Bossuet, Hist. II, 12. C'est bien assez pour moi de l'opprobre éternel D'avoir pu mettre au jour un fils si criminel, Racine, Phèdre, IV, 2. N'attends pas qu'un père furieux Te fasse avec opprobre arracher de ces lieux, Racine, ib. Père juste, lui dit-il [Jésus-Christ], voici enfin le jour de votre gloire et de mes opprobres, Massillon, Carême, Passion. Je ne vous ai caché ni le bien ni le mal, ni nos opprobres ni notre gloire, Voltaire, Princ. de Babylone, 8. La postérité prononcera entre mes juges et moi [Socrate] : tandis qu'elle attachera l'opprobre à leur mémoire, elle prendra quelque soin de la mienne, Barthélemy, Anach. ch. 67.
  • 2L'opprobre de, c'est-à-dire ce qui est une cause de honte. Un exécrable Juif, l'opprobre des humains, Racine, Esther, III, 1. Réponds donc à ton juge, opprobre de ma vie, Voltaire, Brutus, V, 7. Tous les gens de lettres, à l'exception de ceux qui sont l'opprobre de la littérature, ne sont pas moins indignés que vous du traitement que j'éprouve, D'Alembert, Lett. à Volt. 30 juin 1765.
  • 3État d'abjection. Mais mourir dans l'opprobre et dans l'ignominie, Voltaire, Alz. II, 1. L'opprobre avilit l'âme et flétrit le courage, Voltaire, Mérope, II, 2. Quand on a tout perdu, quand on n'a plus d'espoir, La vie est un opprobre et la mort un devoir, Voltaire, ib. II, 7. Il vit que la mauvaise fortune avait déjà flétri son cœur, que l'opprobre et le mépris avaient abattu son courage, Rousseau, Ém. IV. [L'indigent] Dévoré de besoin, de projets, d'insomnie, Il vieillit dans l'opprobre et dans l'ignominie, Chénier, Idylle, le Mendiant.

HISTORIQUE

XIIe s. Aemple [remplis] les faces d'icels d'opprobre, Liber psalm. p. 118.

XIVe s. Et poui un peu de gaaing ils soustiennent obprobres et vilaines reproches et diffames, Oresme, Eth. 111.

XVe s. Combien que le doux Jhesus des obprobres que nous li faisons nous peust et puist reprendre et blamer, Myst. de Barl. et Josaphat, dans GUI DE CAMBRAI, p. 371.

XVIe s. Ils se desplaisent et melancholient de se voir ainsi en opprobre de tout le monde, Paré, XIX, 4.

ÉTYMOLOGIE

Lat. opprobrium, de ob, et probrum, action honteuse, qui est pour prohibrum (comparez manubrium pour manuhibrium), de prohibere, prohiber : chose qu'on prohibe et qu'on reproche.