« otage », définition dans le dictionnaire Littré

otage

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

otage

(o-ta-j') s. m.
  • 1Sûreté qu'on donne à des ennemis ou à des alliés, pour l'exécution de quelque promesse, en remettant entre leurs mains une ou plusieurs personnes. Je veux qu'au lieu d'Attale il lui serve d'otage, Corneille, Nicom. IV, 4. D'un homme tel que vous la foi vaut sans otages, Corneille, Sertor. I, 2. Rien ne peut de leur temple empêcher le ravage, Si je n'ai de leur foi cet enfant pour otage, Racine, Athal. III, 3. Vous auriez pu leur donner des otages et en prendre d'eux, Fénelon, Tél. X. Je me rends prisonnier et demeure en otage, Voltaire, Zaïre, I, 4. Lorsqu'ils [les Romains] accordaient la paix à quelque prince, ils prenaient quelqu'un de ses frères ou de ses enfants en otage ; ce qui leur donnait le moyen de troubler son royaume à leur fantaisie, Montesquieu, Rom. 6.

    Loi des otages, loi rendue sous le Directoire et en vertu de laquelle les parents des émigrés étaient responsables de la fuite et des complots de ceux-ci.

    Fig. Pour otage en ses mains ce tigre a votre vie, Corneille, Héracl. I, 5. Quatre mille Autrichiens, dans les prisons de Gênes, étaient encore des otages qui les rassuraient, Voltaire, Louis XV, 21.

  • 2Places qu'on donne à ceux d'un parti ennemi pour garantie d'un traité de paix, d'un armistice. Les ennemis se firent donner des villes pour otages.

HISTORIQUE

XIe s. S'en [s'il en] velt ostages, e vous l'en enveiez, Ch. de Rol. III.

XIIe s. Li emperere en demanda ostages, Ronc. p. 182. Lorsque [je] la vi, lui laissai en hostage Mon cuer qui puis i a fait long estage, Couci, XI.

XIIIe s. Li rois li otria le respit, et en prist ostage le fil le cievetain [le fils du chef], Chr. de Rains, p. 67. Et convint par vive force que li cors le roi demourast en ostaiges, tant que Damiette fust rendue, ib. p. 133. Ne vos soffist pas bien cis gages ? En volés vous meillors hostages ? la Rose, 16682.

XVe s. Les Gantois avoient… de Bruges pris bons ostages, Froissart, II, II, 57.

XVIe s. Et fut baillé audit roy d'Angleterre huit gentilshommes pour tenir hostages, jusques au payement de ladite somme… aussi fut accordé que jusques à ce que lesdis hostagiers seroient rendus à Calaiz…, Du Bellay, M. 26.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ostatge ; anc. catal. hostatge ; anc. espagn. hostage ; ital. ostaggio ; bas-lat. ostaticum, hostaticum, contraction de obsidaticum, dérivé de obsidatus, gage. Obsidatus est une forme dérivée, après les temps classiques, de obses, obsidis, otage, qui vient de obsidere, occuper, posséder, de ob, et sidere, être assis (voy. SEOIR).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

OTAGE. Ajoutez : - REM. On trouve ostage au XIIIe s. pour bail d'une maison : Et tenront à tous jors cele maizon parmi x l. chascun an d'ostage, le [la] moitié au noel et l'autre moitié à le [la] Saint Jehan, Charte du Vermandois, dans Bibl. des ch. 1874, t. XXXV, p. 453. Cet ostage n'a rien de commun avec notre otage ; il vient de hoste, oste, et représente une forme hospitaticum.