« rance », définition dans le dictionnaire Littré

rance

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rance

(ran-s') adj.
  • 1Se dit d'un corps gras qui, sous l'influence de l'air, dont il a absorbé l'oxygène, a pris une odeur forte et une saveur désagréable, dues au développement d'acides gras. Du lard, de l'huile rance.

    Substantivement, sentir le rance.

    Fig. et familièrement. Il est temps de venir au procès que d'Antin intenta sur des chimères aussi folles que rances de l'ancienne duché-pairie d'Épernon, Saint-Simon, 288, 155.

  • 2Il se dit aussi des confitures devenues trop vieilles. Des confitures rances.
  • 3 Terme de commerce. Le rance ou rancio, qualité douce et moelleuse que l'eau-de-vie acquiert en vieillissant, à mesure qu'elle diminue en force et en quantité.

HISTORIQUE

XVIe s. La louange de sobrieté et de temperance qu'il vouloit ramener en usage, estoit desjà chose si rance, par maniere de dire, et si desaccoustumée, qu'il n'en estoit plus de nouvelle, Amyot, Galba, 3. Quels fumiers, recens ou rances, sont les plus à priser, De Serres, 101. Le bled le plus recent est le plus fertile ; et au contraire, le rance est impropre à fructifier, De Serres, 104. Ce capitaine Marche au baston comme les vieillards font, Et d'une voix toute caduque et rance Francus aborde, et en ce poinct le tance, Ronsard, 599. Quand ils voyent qu'ils [des grains et semences] commencent à se moisir et à sentir le rance, Montaigne, II, 186.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ranc ; espagn. rancio ; ital. rancido ; du lat. ráncidus ; comparez pâle, de pallidus, net de nitidus, etc. On rattache rancidus au grec ῥὶν, all. riechen, flairer, et sanscr. ghrā , avoir une odeur, ghrāna, nez. On trouve au XVIe siècle le latinisme rancide : huiles rancides, Paré, XX, 35.