« sang-froid », définition dans le dictionnaire Littré

sang-froid

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sang-froid

(san-froi) s. m.
  • 1État de l'âme lorsqu'elle est calme, tranquillité d'esprit, présence d'esprit. Enfin l'Yssel est passé, monsieur le Prince l'a passé trois ou quatre fois en bateau, tout paisiblement, donnant les ordres partout avec ce sang-froid et cette valeur divine que vous connaissez, Sévigné, 17 juin 1672. Le sang-froid dont il me refusa, Hamilton, Gramm. 3. Suétone nous décrit les crimes de Néron avec un sang-froid qui nous surprend, en nous faisant presque croire qu'il ne sent point l'horreur de ce qu'il décrit, Montesquieu, Goût, plaisirs de la surprise. Le sang-froid de ses extravagances me fait enrager, Voltaire, Socrate, II, 4. Oh ! si la colère du peuple est terrible, c'est le sang-froid du despotisme qui est atroce, Mirabeau, Collection, t. I, p. 347. Le sang-froid qui double les moyens et les forces, Staël, Corinne, I, 4.
  • 2De sang-froid, sans emportement, sans transport. Je crois que vous ne me demandez pas que je puisse être de sang-froid en cette occasion, Sévigné, 23. Faudra-t-il de sang-froid, et sans être amoureux, Pour une Iris en l'air faire le langoureux ? Boileau, Sat. IX. Peut-être vous faites-vous une espèce de force et de vanité déplorable de nous écouter de sang-froid ? Massillon, Carême, Parole. Lorsqu'on a corrompu le peuple, il devient de sang-froid [ne s'échauffe plus pour les affaires], Montesquieu, Esp. II, 2.

    Tuer quelqu'un de sang-froid, le tuer de dessein prémédité et sans être emporté par aucun mouvement de violence. Après la bataille de Jarnac, Montesquiou tua de sang-froid le prince de Condé prisonnier et blessé. Massacrer de sang-froid un enfant au berceau, Ducis, Macbeth, II, 9.

REMARQUE

Est-ce sang ou sens ? On a écrit sens : Je n'attendrai pas de sens froid cette nouvelle, Sévigné, 320. D'un autre côté on a écrit sang pour sens : Et revint en son sang, Froissart, liv. I, f° 91, dans LACURNE. Les grammairiens ont décidé qu'il fallait dire sang-froid et sens rassis, parce que c'est le sang qui s'échauffe ou se refroidit et le sens qui se trouble ou se rasseoit. Mais il est très probable que c'est sens qu'on a entendu primitivement dans la locution (un sens froid comme un jugement froid), puis la ressemblance des significations a conduit à une méprise. Il n'y a point d'historique ; on trouve bien dans d'Aubigné : Qui avoit tué de sang froid et sans aucun sujet un vieux paysan, D'Aubigné, Vie, 21. Mais on ne peut se fier à cette édition ; celle de M. Lalanne donne, p. 21 : Le soldat auvergnac qui avoit tué un vieux paysan sans raison