« tâtonner », définition dans le dictionnaire Littré

tâtonner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tâtonner

(tâ-to-né) v. n.
  • 1Chercher dans l'obscurité en tâtant. Je me veux r'habiller, je cherche, je tâtonne, Régnier, Sat. X.
  • 2Tâter avec les pieds et les mains pour se conduire plus sûrement. Marcher en tâtonnant. Que Dieu les frapperait d'aveuglement, et qu'ils tâtonneraient en plein midi comme les aveugles, Pascal, Proph. 34, éd. FAUGÈRE.
  • 3 Fig. Procéder avec embarras faute de lumières nécessaires. Sept ou huit ans de plus qu'il n'avait l'ont rendu plus sage, et le font marcher en tâtonnant, Bussy-Rabutin, Lett. t. II, p. 149, dans POUGENS. Un pinceau qui tâtonne, Molière, Gloire du Val-de-Grâce. Je suis si accoutumée à me voir confondue sur la plus grande partie de mes désirs, que je ne parle de l'avenir qu'en tâtonnant, Sévigné, 30 juill. 1677. J'allais tâtonnant par une suite de raisonnements, mais la lumière ne luisait point dans mes ténèbres, Fénelon, t. XVIII, p. 342. Tronchin [célèbre médecin] ne sait où il en est ; car il a abandonné son premier traitement : il tâtonne, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 24 nov. 1768.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 4 V. a. Essayer quelque chose en tâtonnant. Le petit homme [Coulanges] chanta, et fit un vrai plaisir à l'abbé de Marsillac, qui admirait et tâtonnait ses paroles avec des tons et des manières si semblables à celles de son père [M. de la Rochefoucauld] qu'on en était touché, Sévigné, 10 janv. 1689. Je ne me suis déterminé à commencer mes corrections au terme 114, qu'après avoir tâtonné toutes les autres suites que donnaient les sommes des nombres pris cinq à cinq et même dix à dix, Buffon, Prob. de la vie, Œuv. t. X, p. 220.
  • 5Tâter quelqu'un (emploi qui n'est plus usité). Il [le cardinal d'Estrées] était quelquefois haut, quelquefois colère, ce n'était pas un homme qu'il fît bon tâtonner, Saint-Simon, 370, 150.

HISTORIQUE

XVIe s. Après avoir remonstré que Dieu se peut en tastonnant sentir des aveugles [peut être senti par les aveugles], Calvin, Inst. 14. Ceulx que la tristesse accable se laissent pourtant par intervalles tastonner à quelque plaisir, Montaigne, IV, 207. Ha ! que je porte et de haine et d'envie Au medecin qui vient soir et matin Sans nul propos tastonner ce tetin ! Ronsard, 169.

ÉTYMOLOGIE

Voy. TÂTONS ; picard, tatiller ; provenç. tastonar.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TÂTONNER. Ajoutez :
6Toucher en tâtonnant. On se perd sous ces voûtes comme dans ces dédales d'un cauchemar où l'on cherche en vain sa voie en tâtonnant les murs, Journ. offic. 31 mars 1876, p. 2301, 2e col.