« échauder », définition dans le dictionnaire Littré

échauder

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

échauder [1]

(é-chô-dé) v. a.
  • 1Brûler légèrement et très vite.
  • 2En un sens restreint, causer une brûlure par l'action d'un liquide bouillant. Le maladroit m'a échaudé.

    Fig. et familièrement. Être échaudé, éprouver une perte, un dommage. J'ai été échaudé dans cette affaire.

  • 3Laver avec de l'eau bouillante. Échauder une cruche, un vase de verre.

    Dans quelques provinces, laver la vaisselle.

    Ôter le poil d'un cochon de lait par le moyen de l'eau chaude. Voilà un cochon de lait qu'il faut échauder.

    Jeter de l'eau chaude sur quelque chose. Échauder de la pâte.

    Échauder des feuillettes, y passer de l'eau bouillante pour s'assurer qu'elles ne fuient pas.

  • 4S'échauder, v. réfl. Se brûler avec de l'eau bouillante. Elle s'est échaudée en retirant la marmite du feu.

    Fig. Éprouver quelque dommage. La plupart de ces princes… Vont s'échauder en des provinces Pour le profit de quelque roi, La Fontaine, Fabl. IX, 17.

    Terme rural. Les plantes s'échaudent lorsque, étant chargées de vapeurs, le soleil fait noircir les bourgeons.

HISTORIQUE

XIIe s. Par cel conseil pesme [très mauvais] e oscur Auront esté vers tei parjur, E tes comandemenz despiz ; Or en sunt eschaudez e quiz [cuits] ; Apaie t'ire e asuage [adoucis], Benoit de Sainte-Maure, II, 8786.

XIIIe s. Eschauder, rostir, escorchier Les poissons de mer et de flueves, Ren. 20370. Ce me doit bien espoenter [épouvanter], Qu'eschaudés doit iave douter, ib. 1794. Et commencierent Sarasins à gieter grosses pierres et pieus agus, et versoient par les feniestres aigue boullant pour crestiens escauder, Chron. de Rains, 205.

XIVe s. Car il estoit jouere [joueur] as dés, Dont souvent en fu escaudés Tout sans aiwe [eau] caude ne fu [feu], Jean de Condé, p. 131.

XVe s. Qu'on meure de faim ne vueil pas, Mais le trop hasté s'eschaulda [prit chaud] ; Il convient aler pas à pas, Orléans, Compl. de l'amant et l'amour. Il ne sçait quel dueil est d'eschauder, qui onques ne sentit le feu, Perceforest, t. VI, f° 71.

XVIe s. Je veulx qu'ils donnent une nazarde à Plutarque sur mon nez, et qu'ils s'eschauldent à injurier Seneque en moy, Montaigne, II, 98. Une opinion pour laquelle il n'eust pas voulu s'eschaulder le bout du doigt, Montaigne, II, 325. … Qui l'empesche de se resouldre, craignant de s'eschauder en son jugement, Charron, Sagesse, II, 11.

ÉTYMOLOGIE

É- pour es- préfixe, et chaud ; wallon, bulle, hauder ; provenç. escaudar ; ital. scaldare.