« échine », définition dans le dictionnaire Littré

échine

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

échine [1]

(é-chi-n') s. f.
  • Épine du dos, longue colonne située entre la tête et le bassin. L'échine j'allongeais comme un âne rétif, Régnier, Sat. VIII. Le long de ton échine Je grimperai premièrement, La Fontaine, Fabl. III, 5. L'animal à longue échine [la belette], La Fontaine, ib. IV, 6. Tandis que Colletet, crotté jusqu'à l'échine, Va mendier son pain de cuisine en cuisine, Boileau, Sat. I.

    Frotter l'échine, ajuster l'échine, donner des coups de bâton sur le dos. Mais si ce monsieur dont j'ons frotté l'échine…, Hauteroche, Nobles de province, I, 14. Ah ! vous y retournez ! Je vous ajusterai l'échine, Molière, Amph. III, 7.

    Fig. Courber ou plier l'échine, se soumettre bassement.

    Il a l'échine souple, flexible, il est prêt à toutes les complaisances pour ses supérieurs.

    Longue échine, maigre échine, personne fort maigre.

HISTORIQUE

XIe s. Toute l'eschine [il] lui desevre du dos, Ch. de Rol. XCI. Sur les eschines qu'il ont enmi les dos, ib. CCXXXII.

XIIIe s. Et lessiez ester les gelines, Qui trop ont megres les eschines, Ren. 2880. Oliphans [l'éléphant] sor sa haute eschine, la Rose, 18009. Et tante torte eschine et tant ventres enflés, Et tante jambe torse et tant piés bestornés, Ch. d'Ant. VIII, 449.

XVe s. Si très grands coups s'entredonnerent ès targes, que à tous deux les eschines convint ployer et les lances voler en pieces, Boucic. I, 16.

XVIe s. Ung Atlas à la grande eschine, Rabelais, Pant. III, 8. Encor' le logis de l'artillerie gardé par les Suisses flanquoit les deux costés et battoit en eschine le devant de ce corps de garde [pour le protéger], D'Aubigné, Hist. I, 287. Aians renversé Rassi et son enseigne, ils font tourner l'eschine à Sarrion, D'Aubigné, ib. III, 35. Un garçon de 18 ans qui nageoit de l'eschine quatre ou cinq lieues quand il vouloit, D'Aubigné, ib. II, 306.

ÉTYMOLOGIE

Bourguign. échaigne ; wallon, sikrenn, skreinn ; provenç. esquina, esquena ; espagn. esquena ; ital. schiena. Sp ne se changeant pas, dans l'ouest des contrées romanes, en sq, il faut rejeter le latin spina qui, d'ailleurs, avec son i long, n'aurait pas été changé en e ou en ie. Par ces considérations, Diez propose l'ancien haut-allemand skina, aiguille, piquant. Cependant il faut prendre en considération le celtique : cornwall. chein, dos, bas-breton kein, qui ont pu facilement devenir eskein ou skein, et déterminer la transformation de spina.