« étuve », définition dans le dictionnaire Littré

étuve

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

étuve

(é-tu-v') s. f.
  • 1Lieu où l'on élève à volonté la température pour provoquer la transpiration. Étuve sèche. Étuve humide ou bain de vapeur.

    Étuve naturelle, caverne dans un endroit volcanique.

    Par exagération. Cette chambre est une étuve, se dit d'une chambre bien close qui est très chaude en hiver, ou d'une chambre où l'on a trop chaud. La chaleur de leur sang et de leur haleine, jointe à la vapeur de cette légère flamme, suffit pour changer leurs cafés en étuves, Raynal, Hist. phil. XVII, 6.

  • 2Lieu dont on élève artificiellement la température pour y faire dessécher différentes substances. Faire sécher des raisins dans une étuve. Il imagina et fit exécuter une étuve qui, donnant une chaleur graduée et égale dans toute son étendue, réunissait à la certitude entière du succès [la conservation des grains] une économie suffisante dans la dépense, Condorcet, Duhamel.

    Tablettes sur lesquelles le confiseur fait sécher les fruits qu'il a préparés.

    Endroit pour faire sécher les chapeaux.

    Cabinet clos pour connaître l'influence de la température sur les horloges.

    Lieu où l'on met étuver le sucre en pains.

    Lieu échauffé dans lequel sont des tonneaux à moitié pleins de vin destinés à aigrir pour faire le vinaigre.

  • 3 Terme de marine. Étuve de corderie, lieu rempli de fourneaux et de chaudières, pour y goudronner les cordages.

    Étuve à bordage, cylindre dans lequel des bordages sont soumis à l'action de la vapeur d'eau.

HISTORIQUE

XIIIe s. Puis revont entr'eus as estuves, Et se baignent ensemble es cuves, la Rose, 10133. Que nuls ne nule du dit mestier ne soutiengne, en leurs mesons ou estuves, bordiaus de jour ne de nuit, Liv. des mét. 189.

XVIe s. Les estuves sont seiches ou humides, Paré, XXV, 43.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, sitoûf, s. f. ; provenç. estuba, stuva ; espagn. estufa ; ital. stufa ; bas-lat. stuba dans la loi des Allemands ; du germanique : anc. h. allem. stupa ; moyen h. allem. stobe ; allem. Stube ; anc. scand. stofa ; angl. stove.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉTUVE. - ÉTYM. Ajoutez : L'origine germanique de ce mot est généralement admise ; il remonte au bas-lat. stufa qui est dans la loi des Allemands. Mais M. Bugge (Romania, juill.-oct. 1875, p. 345) la conteste, disant que stufa, stuba n'a en germanique aucune racine. À la vérité, Grimm, Deutsche gramm. I, 465, a identifié stufa avec le norrois sto, place, station, anglo-sax. stôw ; mais cela est impossible au point de vue de la phonétique. Selon M. Bugge, estuver provient d'un latin vulgaire extufare, dont le primitif est le grec τῦφος, vapeur. De la sorte c'est du roman que estuver, estuve auraient passé dans le germanique. J'ajoute que, s'il en est ainsi, estuver est le même mot qu'étouffer (voy. ce mot à l'étymologie), et que le radical tupare existe dans le substantif français touffeur, exhalaison (voy. ce mot).