« adirer », définition dans le dictionnaire Littré

adirer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

adirer

(a-di-ré) v. a.
  • Perdre, égarer.

    N'est usité qu'en jurisprudence. Adirer une pièce.

HISTORIQUE

XIe s. Altersi de aver endirez et de altre troveure, L. de Guill. 7.

XIIIe s. Moult ai le cuer du ventre irié, Dont j'ai Bel-accueil adirié, la Rose, 3778. [celui] Qui nostre frere nous ramaine, qui perduz iert et adirez, Rutebeuf, II, p. 314. Oez une nouvelle histoire, Qui bien devroit estre en memoire, Lonc tens a esté adirée ; Mais or l'a uns mestres trovée, Ren. 20493. Une fois un pasteur ot adirée une seue beste, si se fu ferue en la forest, Rom. des sept Sages, 22. Il disoient qu'il avoient perdue et adirée la soie, Livr. des Mét. 337.

XVIe s. Telle a esdiré (adirée, éd. de 1595 ; il y avait d'abord, Telle a perdu)…, Montaigne, III, 344. L'Italien ne s'en osoit assurer du premier coup, vu le long temps qu'il l'avoit adiré, Despériers, Contes, 26. Voici venir Bellin qui seul avoit erré Tout un jour à chercher son belier adiré, Ronsard, 742.

ÉTYMOLOGIE

Bas-lat. adirare, adiratus, adisratus, addisratus. Étymologie fort obscure. Du Cange propose adæratus, qui veut dire évalué à prix d'argent et par suite dont on doit restituer la valeur, puis l'italien adirato, irrité, parce que les gens en colère, s'en allant, ne reviennent plus ; ces deux origines sont manifestement fausses. Henschel, le nouvel éditeur de Du Cange, propose a-dextratus, éloigné de la main, qui n'est pas sous la main ; ici le sens est bon, mais la forme résiste. De Chevallet, Orig. et form. de la langue franç. I, p. 149, propose aderrare ; mais il ne paraît pas que errare puisse donner irer ; et les formes endirer, esdirer (voy. L'HISTORIQUE) indiquent pour radical non irer, mais direr. On peut donc en revenir à l'opinion de Nublé dans Ménage. Nublé tire ce mot de à dire, signifiant en effet manquer dans la locution suivante : Il s'y est trouvé à dire un écu. Et qu'on ne croie pas cette locution récente, on la rencontre dès le XIIe s. Aisi cum nef n'en fu à dire, I arrivent à sauvement, Benoit de Sainte-Maure, Chr. de Norm. f. 169. De là au verbe adirer, il y a très près ; et il faudra considérer comme des formes moins exactes en-direr et es-direr. Voy. pour des mots composés de cette façon, AFFAIRE, AFFAIRÉ, ALARME, ALARMÉ, ALITER, etc.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ADIRER. - ÉTYM. Ajoutons cet exemple-ci, qui paraît bien prouver que l'étymologie est à dire. [ils] Firent les aveirs amasser, Et ensemble tot ajoster ; N'ot si hardiz en tot l'enpire, Qui riens en osast fere à dire, Benoit de Sainte-Maure, Roman de Troie, V. 26127.