« alarme », définition dans le dictionnaire Littré

alarme

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

alarme

(a-lar-m') s. f.
  • 1Cri, signal pour faire courir aux armes. Au premier cri d'alarme. Sonner l'alarme. L'alarme fut donnée par des feux. Il entend déjà le beffroi des villes et crier à l'alarme, La Bruyère, 10. J'écoute, je distingue les coups du canon d'alarme, Chateaubriand, René, 214.

    Fig. Le chien donne l'alarme par des aboiements réitérés.

  • 2Émotion causée par l'approche réelle ou supposée de l'ennemi. L'alarme est au quartier, au camp. Tel vêtu des armes d'Achille, Patrocle mit l'alarme au camp et dans la ville, La Fontaine, Fab. XII, 9. Oh ! dit-il, j'en fais faire autant Qu'on m'en fait faire ! ma présence Effraye aussi les gens ! je mets l'alarme au camp, La Fontaine, ib. II, 14. La fusée mit l'alarme au camp, Sévigné, 312.

    Fig. L'alarme est au camp, se dit d'une société, d'un parti qui a des appréhensions communes. Voilà l'alarme au camp, Sévigné, 58.

    En termes de guerre, donner des alarmes à une place assiégée, l'inquiéter par de fausses attaques.

  • 3Frayeur, épouvante subite. À la première alarme. À la moindre alarme. Répandre l'alarme. Il a pris l'alarme bien légèrement. En cette alarme universelle, La Fontaine, Fab. II, 9. Il s'en allait Mettre l'alarme en tout le voisinage, La Fontaine, Rém. Celle-ci par ses cris mettait tout en alarme, La Fontaine, Matr. Il n'eût pas été propre à donner cette fausse alarme, Corneille, Exam. d'Hor.
  • 4Vive inquiétude, souci ; dans ce sens il s'emploie le plus souvent au plur. Remettez-vous, monsieur, d'une alarme si chaude, Molière, Tart. V, 7. Tant de médisances et tant de faux rapports que cela mit toute la cour en combustion et en alarme, Pascal, Prov. 15. Les forts et les faibles sont en alarme et en trouble, Voiture, Lett. 143. Mais, moi qui veux me garantir de ces alarmes et de ces agitations secrètes, Bourdaloue, Carême, t. I, p. 35. Ce qu'on aime, on craint de le perdre ; et plus on l'aime, plus les alarmes sont fréquentes ; car on les prend aisément, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 148. Ce soin de couvrir ses crimes et de les tenir cachés, ces alarmes secrètes mais pleines d'effroi, ces agonies mortelles, convaincu qu'il est de ce qu'il a fait et de ce qu'il mérite…, Bourdaloue, Carême, t. I, p. 273. Ah ! dissipez ces indignes alarmes, Racine, Andr. II, 1. Ne me suis point, si ton cœur en alarmes Prévoit qu'il ne pourra commander à ses larmes, Racine, ib. IV, 1. Quand Tryphon me donna de si rudes alarmes, Corneille, Rodog. II, 3. Milord avait pris les mêmes alarmes, Hamilton, Gramm. 8. Ma fille, tu as tort de prendre de telles alarmes, Molière, la Princ. II, 4. Des projets de mon cœur ne prenez point d'alarme, Molière, Femmes sav. I, 4. Autour de ces rois voltigeaient, comme des hiboux dans la nuit, les cruels soupçons, les vaines alarmes, Fénelon, Tél. XVIII.
  • 5Vivre, être nourri dans les alarmes, être accoutumé à la guerre et à ses dangers.

HISTORIQUE

XIVe s. Lors la gaite renois [renégat, renié] Voit bien qu'ès fossez sont les nobiles françois, Adont a escrié alarme à haute vois, Guesclin. 19486. On crie parmi l'ost : traït ! car vous armés ! Alarme ! alarme ! crient ; chascun s'est adoubés, Baud. de Seb. VIII, 224.

XVe s. Nous sommes armés comme il faut : Alarme ! à l'assaut ! à l'assaut ! Basselin, XLVII.

XVIe s. Courez y tous, et alarme sonnez, Rabelais, Garg. I, 2. Et quant orrez ces miens presens alarmes, Ayez bon cueur et contenez vos larmes, Marot, II, 55. À peine sera jamais crainct Le combattant qui est contrainct D'emprunter, quand vient aux alarmes, De son adversaire les armes, Marot, II, 199. Ainsi tu scez combien par faux alarmes, La mort a fait, pour toi, jeter des larmes, Marot, III, 8. Et de prieres et de larmes, Leur donnois souvent force allarmes Pour les gagner…, Marot, IV, 180. La majesté de Dieu en se faisant sentir leur dresse nouveaux alarmes, Calvin, Instit. 8. Comment pourrions-nous tenir bon tant peu que ce soit contre les alarmes continuelles qu'il [Satan] nous dresse ? Calvin, ib. 115. Quant il demeure en ce païs, vous pouvez dormir en sureté, combien que l'on luy donne assez d'alarmes ; mais son bon sens prouvoit à tout, Marguerite de Navarre, Lett. XCV. L'ame troublée de plusieurs diverses alarmes, Montaigne, I, 96. Je demeurerai en crainte et en alarme, Montaigne, I, 128. Les Romains, oyant l'alarme, prirent chascun le premier baston qu'ils trouverent, Amyot, Cam. 47. Tantost il s'approchoit de luy, et luy faisoit donner des alarmes en son camp, tantost…, Amyot, Fab. 12. Lors marcherent les trompettes sonnans un son tel que l'on le sonne à une alarme, Amyot, P. Aem. 56. Gardez que ce ne soit quelque faulse alarme que l'on vous ait donnée pour vous estonner, Amyot, Pélop. 19. L'on fait une procession devant laquelle marche une trompette sonnant à l'arme, Amyot, Arist. 52. Seleucus tout effrayé se jetta incontinent en piedz et feit sonner l'allarme, Amyot, Démétr. 70. Pour un faux alarme qui luy fut donné, Du Bellay, M. 146. Ils donnerent l'alarme aussi chaude comme si… eux qui bien oyoient ce chaut alarme, feirent sonner la retraite, Du Bellay, M. 371.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. ailarme ; provenç. alarma ; espagn. alarma ; ital. allarme ; de à (voy. À), l' (voy. LE), et arme. Dans le XVIIe siècle on écrivait volontiers allarme, et beaucoup de livres ont cette orthographe. Dans le XVIe on faisait indifféremment alarme masculin ou féminin.