« baron », définition dans le dictionnaire Littré

baron

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baron

(ba-ron) s. m.
  • 1Originairement, tout grand seigneur du royaume. Les hauts barons, les principaux d'entre les seigneurs.

    Fig. Les hauts barons de la finance, de l'industrie, les financiers, les industriels les plus riches et les plus puissants.

  • 2Tout gentilhomme possédant une terre avec titre de baronnie.
  • 3Aujourd'hui simple titre de noblesse conféré par le souverain.
  • 4Anciennement, mari. Il fallait qu'une femme fût autorisée par son baron, c'est-à-dire son mari, Montesquieu, Esp. XXVIII, 259.

HISTORIQUE

XIe s. Seigneur baron, à Charlemagne irez, Ch. de Rol. v. Il nen i a chevalier ne barun…, ib. CLXXIV. Deus ! quel baron, s'eüst [s'il avait] chrestienté ! ib. CXXIV.

XIIe s. Uns bers fu ja en l'antif pople Deu, e out num Helcana, Rois, p. 1. De Roland le baron [brave], En Roncivaus, quant nos le trouveron…, Ronc. p. 29. [Il] N'i a baron qui tant soit redoutanz [redoutable], ib. p. 34. Seignor baron, de vous ait Dex mercis, ib. p. 86. Nostre sires est ja vengés Des haus barons qui or lui ont failli, Quesnes, Romancero, p. 98. Se [je] ne l'oi à baron [mari], de deuil serai estainte, Audefroi le Bastard, ib. p. 17. Cil dedans se defendent com nobile baron, Sax. VIII. À la riche abaïe du baron Saint Maart [Médard], Sax. VIII.

XIIIe s. Li rois tous ses barons y eut fait assembler, Berte, III. Maint haut baron l'adestrent mout debonnairement, ib. IX. À Dieu [elle] s'est commandée et au baron saint Pierre, ib. X. Et puis que elle aura douze ans passés, le seignor la peut semondre de prendre baron [mari], Ass. de Jér. I, 264. Feme sans le congé de son baron ne se pot metre en tel cas en cort por apeler, Beaumanoir, LXIII, 1. Uns chevaliers espousa une dame la quele avoit enfans d'autre baron, Beaumanoir, XII, 10. [Elle] Cest an pleure et cest an prie, Et cest an [elle] panra [prendra] baron, Rutebeuf, 187.

XVe s. Cette nuit avoient fait le guet deux grands barons de France, le sire de Montmorency et le sire de Saint Sauf-lieu…, Froissart, I, I, 139.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, baron, mari ; anc. Français, ber ou bers, au nominatif, et baron, au régime ; provenç. bar, au nominatif, et baron, au régime ; espagn. varon ; ital. barone. Le sens de ce mot dans les langues romanes est homme fort, mari, guerrier vaillant, noble, seigneur. Baro se trouve dans la latinité, avec le sens : 1° de homme stupide ; 2° de goujat d'armée (et on lui attribue une origine gauloise) ; Isidore lui attribue le sens de mercenaire, dur au travail. Il y a dans le celtique : ancien kymri, bar, héros. On objecte que les noms latins ou allemands seuls donnent un sujet différent du régime : ber, baron ; mais connaît-on assez bien l'ancien celtique pour affirmer qu'il ne permettait pas une semblable flexion ; et n'a-t-on pas, dans le bas-latin, barus : barum vel feminam, de la Loi des Allemands ? Le celtique a aussi fear, homme ; et le fait est qu'on trouve varones dans des textes qui viennent des environs des Pyrénées, et farones dans un très vieil auteur (voy. DU CANGE). Diez est disposé à rapprocher baro de l'anc. haut allem. beran, goth. bairan, porter ; d'où le sens d'homme robuste, et toute la suite des significations. Burguy le tire aussi de bairan, porter, mais par une autre dérivation : anglo-sax. bearn ; frison, bern, un enfant, un être humain ; angl. sax. beorn, un homme, un grand. Ces étymologies allemandes, sans être complétement sûres, sont probables ; mais il est probable aussi que le celtique bar et peut-être fear ont concouru à confirmer et à préciser le sens du mot germanique dans les langues romanes et ont laissé des traces dans barus et dans faro. Dans l'ancien français, li ber, au nominatif singulier, de báro, avec l'accent sur l'a ; le baron, au régime singulier, de barónem, avec l'accent sur l'o ; li baron, au nominatif pluriel ; les barons, au régime pluriel. La nécessité de satisfaire par un accent qui se déplace à ber et baron, ne permet plus d'accorder aucune attention à vir, qui avait été proposé pour étymologie.