« barrer », définition dans le dictionnaire Littré

barrer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

barrer

(bâ-ré) v. a.
  • 1Fermer avec une barre. Barrer une porte.

    Séparer les chevaux par des barres de bois.

  • 2 Terme de marine. Barrer un bâtiment, donner au gouvernail un mouvement trop fort sur un bord ou sur un autre.
  • 3Remuer avec une barre les poches contenant la soie dans un bain de teinture.
  • 4Intercepter. Barrer le passage à ceux qui viennent. Une rivière barrait le chemin à l'armée. Un conquérant trouve des forteresses et des armées qui lui barrent le passage, Voltaire, Newt. I, 5. Une montagne barra la caravane saisie de crainte, Voltaire, Blanc et noir.

    Absolument. Comme son projet [du maréchal de Choiseul] avait été de rompre leurs desseins en barrant de la montagne au Rhin, nos inondations étaient faites, Saint-Simon, 40, 219.

    Fig. Faire obstacle à. Barrer quelqu'un, barrer le chemin à quelqu'un, le traverser dans ses projets. On est honteux d'aller barrer leur chemin, Sévigné, 209. Je suis persuadée que c'est lui qui barre notre chemin, Sévigné, 581. Le roi dit qu'il n'accorderait jamais un rang au chevalier de Soissons, et barra ainsi cette belle chimère, Saint-Simon, 25, 41. Aux échanges l'homme s'exerce, Mais l'impôt barre les chemins, Béranger, Contreb.

  • 5 En termes de vétérinaire, barrer la veine, extirper une veine superficielle, et lier les deux bouts du vaisseau ; opération que les maréchaux pratiquaient autrefois pour des engorgements des extrémités, et qui est justement abandonnée.
  • 6Faire des lignes ou ratures sur des passages d'écriture pour les annuler. On barra deux clauses dans l'acte. Barrez ces trois mots.
  • 7 En termes de chasse, barrer une enceinte, la traverser avec un limier pour tâcher de mettre le cerf debout.

    V. n. Se dit d'un chien qui balance sur la voie

  • 8Au jeu de creps, annoncer, quand les dés sortent du cornet, qu'on annule le coup.
  • 9Se barrer, v. réfl. Se fermer le chemin. L'abbé de Mailly avait des vues et une vaste ambition, et fort attentif à ne se barrer sur rien et à s'aplanir les chemins à tout, Saint-Simon, 150, 185.

HISTORIQUE

XIIe s. Quand se furent armé li quatre bacheler, Vunt as uis de la sale, mais n'i porent entrer, Car um les out ainz fait après els bien barrer, Th. le mart. 144.

XIIIe s. Renart qui savoit tous les estres, Regarde par unes fenestres, Si eles estoient fermées ; Mais il les voit toutes barrées, Ren. 4344.

XIVe s. Gentement fu vestis d'une robe barrée, Baud. de Seb. I, 972.

XVIe s. Passe ces huys barrés de puissant fer, Marot, I, 252. À ce seul mot un gros marteau carré Frappe un tel coup contre un portal barré Qu'il fait crousler les tours du lieu infame, Marot, I, 253. Bastard avoué retenoit les armes de son pere barrées à gauche, Loysel, 62. Proculeius s'approcha près des portes, qui estoient grosses et fortes et seurement barrées, Amyot, Anton. 101. Vous vous barrez pour jamais le chemin qui peut vous conduire au trone, D'Aubigné, Vie, XCIV.

ÉTYMOLOGIE

Barre ; Berry, baré, bigarré ; provenç. et espagn. barrar ; ital. barrare.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BARRER. Ajoutez :
10 Dans l'Aunis, barrer un champ, le planter en vigne, ainsi dit à cause que les trous destinés à recevoir le plant sont faits avec une barre, Gloss. aunisien p. 70.