« bosse », définition dans le dictionnaire Littré

bosse

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bosse [1]

(bo-s') s. f.
  • 1Enflure, tumeur par suite d'une contusion, d'une chute. S'il tombe, s'il se fait une bosse à la tête, Rousseau, Ém. II. Il a dit qu'il avait deux bosses à la tête, Sévigné, 20.

    Familièrement. Ne demander, ne chercher que plaie et bosse, rechercher ou exciter les querelles. Nous ne demandons que plaie et bosse, Sévigné, 71. Souhaiter plaies et bosses à tout le monde, Sévigné, 395.

    Terme de vénerie. Première apparence du nouveau bois d'un cerf, qui a mis bas l'ancien.

  • 2Dans s le système phrénologique, protubérance en certain point du crâne, considérée comme indiquant quelques-unes des facultés fondamentales du cerveau. Le langage vulgaire s'est emparé de cette idée systématique et dit : avoir la bosse de quelque chose, pour : avoir des dispositions. Il a la bosse de la musique.
  • 3Protubérance, grosseur contre nature qui se forme au dos, et qui se manifeste aussi à la poitrine. Une bosse est produite par une déviation de l'épine dorsale.

    Protubérance naturelle qui est au dos de quelques animaux. Le chameau a deux bosses ; le dromadaire n'en a qu'une.

  • 4Toute élévation sur une surface. Un plat d'argent plein de bosses. Ce terrain offre quelques bosses.

    Terme d'anatomie. Éminence arrondie qui se voit sur certains OS. Bosse frontale, occipitale.

  • 5Terme du jeu de paume, endroit de la muraille, du côté de la grille, lequel renvoie la balle dans le dedans. Attaquer la bosse. Donner dans la bosse.

    Fig. Donner dans la bosse, être dupe.

  • 6 Terme de maçonnerie. Petit bossage laissé dans un parement pour indiquer qu'il n'est pas métré.
  • 7 Terme de sculpture et de peinture. Relief. Ouvrages de ronde bosse, de plein relief, les statues. Ouvrages de demi-bosse, les bas-reliefs dont certaines parties sont détachées et saillantes.

    Peindre, dessiner d'après la bosse, peindre, dessiner d'après une figure moulée. Il me fallut d'abord apprendre le dessin ; je dessinai d'après la bosse ; je dessinai d'après nature, Courier, Lett. II, 217.

  • 8 Terme d'arts. Convexités extérieures servant à l'ornement. Ce beau carrosse Où tant d'or se relève en bosse, Molière, F. sav. III, 2. Vois-tu ces boucliers… ? Leurs bosses reluisent aux rayons du matin, Chateaubriand, Dargo, 219.

    Vaisselle en bosse, vaisselle taillée en relief, par opposition à vaisselle sans ornement.

    Serrure à bosse, serrure en saillie à l'intérieur d'une porte.

  • 9 Terme d'artillerie. Bosse à feu ou, simplement, bosse, grande bouteille de verre, qu'on remplissait de poudre, avec plusieurs mèches pendantes et allumées, et qu'on jetait avec une corde, afin que, se brisant dans sa chute, les mèches enflammassent la poudre.
  • 10Partie des aplatissoires dans une forge.

    Forme sphérique que le vitrier donne au verre.

    Terme de maréchalerie. Appendice que l'on place sous le fer destiné à remédier aux défauts d'aplomb ; c'est une variété du crampon.

    Paquets de chardons à l'usage du foulon

  • 11Maladie du froment dite aussi charbon.

    Maladie des porcs dite aussi soie.

  • 12 Terme de marine. Les bosses sont des bouts de cordes, qui servent à rejoindre des parties séparées, ou à saisir des cordages et d'autres choses. Prendre une bosse, amarrer une bosse à quelque manœuvre.

    Dans l'argot maritime, partie de plaisir ou de débauche. De là vient la locution populaire, se donner une bosse, faire un bon repas ; à moins qu'elle n'ait été suggérée par l'idée que, quand on a bien mangé, le ventre s'arrondit. Ces gaillards-là se font une fameuse bosse.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tiex cop lor donrai sor les testes, Que lever i ferai tex boces, Qu'il en perdront mitres et croces, la Rose, 11411. Car toutes boces [il] peut crever Et son cuer jusqu'au vif caver, Pour garir tous mors [morsures] de serpent, J. de Meung, Tr. 622.

XVe s. Et en y mourut de boce [bubon, peste] et de mal du corps plus de vingt mille personnes, Froissart, II, III, 30. Et estoit en devant le jeune seneschal de Hainaut, mort sur son lit de la bosse, Froissart, II, II, 94. Et tantost lui vinrent quatre bosses, dont elle fut très bien guarie, Louis XI, Nouv. LV.

XVIe s. Au demeurant il fera bonne bosse, avec la dedaigneuse altesse de son infante, qui servira plus à la ruiner qu'à l'agrandir, Sat. Mén. p. 179. Ils dressent des figures enlevées en bosses ou en plates peintures, Paré, Mumie, 5.

ÉTYMOLOGIE

Picard, boche ; norm. bosche, ulcère ; provenç. bossa ; ital. bozza ; bas-lat. bocia, bocium. Diez le rattache à l'allemand butze, butzen, qui signifie quelque chose d'émoussé, d'obtus ; flamand, butse, bosse. Il faut en rapprocher le celtique : bas-bret. bos, bosen, tumeur pestilentielle ; kymri, bôth, tumeur.