« brusque », définition dans le dictionnaire Littré

brusque

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brusque

(bru-sk') adj.
  • 1Qui a une rudesse mêlée de promptitude. Homme brusque. Ton brusque. Style brusque. Dans vos brusques chagrins je ne puis rien comprendre, Molière, Misanthrope, I, 1. Il a le repart brusque et l'accueil loup-garou, Molière, Éc. des maris, I, 6. On voit des gens brusques, inquiets, qui, bien qu'oisifs et sans aucune affaire qui les appelle ailleurs, vous expédient, pour ainsi dire, en peu de paroles et ne songent qu'à se dégager de vous, La Bruyère, 5.
  • 2Soudain, que rien ne prépare. Brusque départ. Prenant de brusques résolutions. Une brusque repartie. Une brusque attaque d'apoplexie. Quels sentiments contraires Par un brusque passage ont fait dans votre cœur à la sécurité succéder la terreur ? Lemercier, Bruneh. II, 1.

HISTORIQUE

XVIe s. Et, pincetant sur les chanterelles de son luth obeissant une mesure plus brusque, poursuivit en ces termes, Yver, p. 526. Celuy qui a esté attainct au vif et deschiré d'une remonstrance, si on le laisse ainsi tout brusque, enflé et esmeu de cholere, il est puis après difficile à remettre, Amyot, Comment disc. le flatteur de l'ami, 63. On cache dessoubs les couleurs brusques et mornes, et met-on au dessus les guayes et claires, Amyot, De la tranq. d'âme, 31. Petit vin, brusc, rude et aspre, Paré, XXV, 27. J'ay d'une ardante et brusque fantaisie, Dès la mammelle, aimé la poësie, Ronsard, 680. Il est très brave et vaillant et brusq ; jamais il ne refusa combat, Brantôme, J. A. Doria. Cingar tenoit un voulge [sorte d'arme] en main, et sur le cul avoit une large dague, faisant bien le brusc avec un grand pennache qui voltigeoit sur son bonnet, et ne regardant que de travers, Merlin Coccaïe, t. I, p. 175, dans LACURNE SAINTE-PALAYE. Ainsi que le diamant brusque [non poli], Pasquier, Rech. III, p. 259, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. et portug. brusco, de mauvaise humeur, emporté ; ital. brusco, aigre, âpre. Le mot est italien et d'origine incertaine. Diez y voit l'ancien haut-allemand bruttisc, contracté en brutt'sc, sombre, colère. D'autres le rapportent au celtique : gaél. brisg ; kymri, brysg ; bas-bret. bresg, vif, prompt. Enfin on peut croire qu'il est d'origine latine et que, tenant à bruscolo, brin de paille, brusca, brosse, bruscia, épine, broussailles, il se rapporte à brusco (voy. BRUSC) ; le sens du radical serait piquant, d'où brusco, aigre, âpre.