« champion », définition dans le dictionnaire Littré

champion

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

champion

(chan-pi-on) s. m.
  • 1Celui qui combattait en champ clos.

    Celui qui soutenait en champ clos une querelle judiciaire pour son compte ou pour celui d'autrui. Ceux qui ne pouvaient combattre de leur personne fournissaient des champions.

    En Angleterre, champion du roi, homme armé de toutes pièces, qui entre à cheval dans la grande salle de Westminster, et qui défie par la bouche d'un héraut quiconque oserait contester le droit du roi à la couronne.

  • 2 Par extension, tout homme qui combat sur un champ de bataille. Les seuls champions qui pussent tenir devant les chevaliers de France étaient les chevaliers d'Angleterre, Chateaubriand, Génie, IV, V, 4.

    Par plaisanterie, tout homme qui se bat. Tandis que coups de poing trottaient, Et que nos champions songeaient à se défendre, La Fontaine, Fabl. I, 13. Aussitôt contre Évrard vingt champions s'élancent, Boileau, Lutrin, V.

    Ironiquement, c'est un vaillant champion, c'est un homme peu courageux.

    Molière a employé ce mot au féminin : Tous venaient sur mes pas, hors les deux championnes, Qui du combat encor remettant leurs personnes…, l'Étour. V, 14.

  • 3 Fig. Défenseur. Il fut un des plus fermes champions de la foi.

HISTORIQUE

XIe s. Contre paiens [il] fut tout tens campiuns, Ch. de Rol. CLXIII.

XIIe s. Amors tençon et bataille Vers son champion a prise, dans HOLLAND, p. 228. Charles i a son champion mené, Ronc. 190. Le rei [il] i ad trové od ses privez druguns, Evesques, e abez, e cuntes, e baruns ; Tuz suls entra en champ cumme bons champiuns, Th. le mart. 38. Il eslit par tut les bons champiuns e la forte bachelerie, Rois, 52.

XIIIe s. Li sires touz puissans fu champions à nos ancessours contre Pharaon, Psautier, f° 182. Il resamble le mauvais campion qui se claime vaincu sans mehanier, Bibl des chartes, 4e série, t. V, p. 324. Trois champions sont moult failli Et bien ont deservi à batre, S'il ne pueent le quart abatre, la Rose, 19960. Et li aucun louoient campions en tele maniere que il se devoient combatre en toutes quereles qu'il aroient à fere, Beaumanoir, XXXVIII, 15. Mais deboutés seroit de son tesmoynage et li campions aroit le poing copé, se le [la] bataille estoit par campion, Beaumanoir, VI, 16. En sa main tint l'espée o le poing [poignée] de laiton, Son escu embracié à loi de campion ; Iluecques se deffent à guise de lion, Ch. d'Ant. VIII, 1440. Oh com glorieux champion, J. de Meung, Tr. 1178.

XIVe s. Et aussi comme un champion bien aprins contre un ignorant ou ydiot, Oresme, Eth. 85. Et se aucun veult monstrer à un autre comment champions se doivent combattre, Oresme, ib. 62.

XVe s. Ha ! noble contrée de François ! ce n'est mie de maintenant que tes vaillans champions se monstrent hardis et fiers entre toutes les nations du monde, Bouciq. I, 24.

XVIe s. Le champion et la championne furent tout un temps à se battre si vertueusement que…, Despériers, Contes, LXV.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. campion ; espagn. campeon ; portug. campeao, ital. campione ; bas-lat. campio. de campus, champ du combat.