« clocher.2 », définition dans le dictionnaire Littré

clocher

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

clocher [2]

(klo-ché) v. n.
  • 1Boiter en marchant. Clocher du pied droit. Qu'as-tu à clocher ? es-tu boiteux aussi bien qu'aveugle ? Perrot D'Ablancourt, Lucien, Timon ou le misanthrope. … C'est grand' honte Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils, La Fontaine, Fabl. III, 1.

    Fig. Jusques à quand clocherez-vous de deux côtés ? Nul ne peut servir deux maîtres, Fénelon, XVIII, 66.

  • 2Être défectueux, pécher contre quelque règle. Ce raisonnement cloche. Ce vers cloche, il n'a pas la mesure. Et que ceux qui veulent gloser doivent bien regarder chez eux s'il n'y a rien qui cloche, Molière, Fourb. II, 1.

    PROVERBE

    Il ne faut pas clocher devant les boiteux, il ne faut faire devant les gens rien qui leur reproche quelque défaut naturel, et, en général, rien qui leur rappelle quelque souvenir pénible.

HISTORIQUE

XIIe s. Li fil estrange mentirent à mei, li fil estrange sunt enviegi [en route], et clocerent de lur sentes, Liber psalm. p. 21.

XIIIe s. Car de poine [elle] clochoit, com cheval qu'on encloue, Berte, XXXIII. Et Renart d'autre part rebroche Le bon destrier, qui pas ne cloche, Ren. 27180. Atant es vos un pelerin Qui vint clochant tot le chemin, ib. 12946. Il leva sus en solevant, Le pié tent avant dont il cloche, ib. 7303. Bien voi de quel pié vous clochiés, la Rose, 9380. Puisque justice cloce, et drois pent et encline, Et verités cancelle, et loiautés decline, Rutebeuf, 233. La beasse qui cloche La cloiche dou cloichier Fist devant li venir, qui la veïst clochier, Rutebeuf, 182. Il ot en sa compaigne dant Hungier l'allemant, Et Rogier de Rosoi, qui un poi va clochant, Ch. d'Ant. IV, 9. Et Robers del Rosoi qui cloce del talon, ib. XI, 368.

XVe s. On ne pouvoit à present clocher devant les seigneurs et leurs consaulx ; car ils y veoient trop clair, Froissart, II, II, 100. Et s'amans vont faisant les lours, Tantost congnoistray leur deffault ; Jà devant moy clochier ne fault, Orléans, Rond.

XVIe s. Le plus habile d'eux ne se pourra jamais absoudre qu'il ne cloche des deux costés ; or Dieu a declaré par son prophete qu'on ne lui fera jamais trouver une telle clochure bonne, Calvin, 225. Il vaut mieux clocher en la voie que courir legerement hors de la voye, Calvin, Instit. 605. Jusques à ce que vous vous soyez rendus tels devant qui vous n'osiez clocher, et jusqu'à ce que vous ayez honte et respect de vous mesmes, presentez-vous tousjours en l'imagination Caton, Phocion et Aristides…, Montaigne, I, 286. Les mariages de ce païs-là [Italie] clochent en cecy : leur coustume donne communement la loy si rude aux femmes et si serve…, Montaigne, III, 367.

ÉTYMOLOGIE

Picard, cloker ; provenç. clopchar. Il y a deux étymologies proposées : 1° par Ménage, claudicare, boiter ; 2° par Diez, cloppicare, mot dérivé du bas-latin cloppus, boiteux (voy. CLOPIN). La forme provençale clopchar paraît décider la question en faveur de la seconde étymologie.