« corporel », définition dans le dictionnaire Littré

corporel

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corporel, elle

(kor-po-rèl, rè-l') adj.
  • 1Qui a un corps, par opposition à spirituel. Dieu n'est point corporel. Que dirait ce dernier sur ces exemples-ci ? Que [aux bêtes] la mémoire est corporelle, La Fontaine, Fabl. X, 1. La nature intelligente est distincte de la corporelle, Descartes, Méth. Ce vaste univers que nous appelons monde corporel ou la nature, D'Alembert, Encycl. Disc. prélim. Œuvres, t. I, p. 238, dans POUGENS.

    Terme de métaphysique. Individu corporel, un corps qui, composé de plusieurs autres, forme un tout, un individu. Ces corps sont dits unis et composent ensemble un tout de certaine figure, qui est un mode de l'étendue solide, que l'on nomme individu corporel ou suppôt, Boulainvilliers, Réfut. de Spinosa, p. 109.

  • 2Qui appartient au corps ou qui le concerne. Les infirmités corporelles. Peine, punition corporelle. Le remède d'immortalité lui est ôté, et une mort plus affreuse, qui est celle de l'âme, lui est figurée par cette mort corporelle à laquelle il est condamné, Bossuet, Hist. II, 1. Il prit des épicuriens le principe que, pour expliquer les effets corporels, il ne faut recourir qu'aux corps, Rollin, Hist. anc. liv. XXVI, ch. 3, art. 4. Combien l'esprit qui lui découvrait l'avenir le lui montrait-il comme présent et par une lumière aussi infaillible que s'il l'avait vu des yeux corporels ! Rollin, Hist. anc. t. VIII, p. 671, dans POUGENS. Comme ce sont ceux qui n'ont point de bien, qui attaquent plus volontiers celui des autres, il a fallu que la peine corporelle suppléât à la pécuniaire, Montesquieu, Esp. XII, 4.

HISTORIQUE

XIIe s. E ainsi les arma non mie d'armes corporauz, mais de bonnes paroles, Machab. II, 15. Pur amur St-Thomas nus doinst la sue aïe, Que rien ne nus suffraigne à la corporal vie…, Th. le mart. 166.

XIIIe s. Nuls ne doit affeblir sa corporel sustance Par boivre jusqu'à ivre, ne pas emplir sa panse, J. de Meung, Test. 1747. Bone amor doit de fin cuer nestre ; Don n'en doivent pas estre mestre, Ne que font corporel solas, la Rose, 4615. Quant à la corporel personne, ib. 19230.

XIVe s. Ils en ont les richesses et les biens temporels ; Senz ce ne puet durer la vie corporelle, Girart de Ross. V. 6313.

XVe s. Il est grant et corporel, par quoy il en est d'autant plus pesant, Perceforest, t. V, f° 30.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. corporal ; ital. corporale ; du latin corporalis, de corpus (voy. CORPS).