« coureur », définition dans le dictionnaire Littré

coureur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coureur, euse

(kou-reur, reû-z') s. m. et f.
  • 1 S. m. Celui qui est exercé à la course. Un bon, un mauvais coureur. L'on voyait de son temps certains coureurs parcourir dans le cirque l'espace de 160 000 pas, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. V, p. 80, dans POUGENS. La plupart des villes entretiennent des coureurs accoutumés à parcourir dans un jour des espaces immenses, Barthélemy, Anach. 34. Je suis charmé que vous ayez eu le prix, et qu'il ait eu l'accessit ; quiconque vous suit de près est un très bon coureur, Voltaire, Lett. Gaillard, 23 janv. 1769.
  • 2Valet qui accompagne à pied la voiture.

    Homme aux gages d'une personne de qualité qui l'envoyait à une ou plusieurs personnes et qui lui donnait ordre d'en rapporter réponse. J'ai donné ordre à mon coureur, qui vous porte cette lettre, de vous chercher où que vous soyez et de ne point revenir sans votre réponse, Rousseau, Hél. III, 23.

    Coureur de vin, officier qui portait, à la chasse et partout où allait le roi, une valise contenant des serviettes, du pain, du vin, un couteau, une fourchette et quelques pièces de four.

  • 3Celui qui va et vient sans cesse d'un endroit à un autre.

    C'est un grand coureur, on ne le trouve jamais à la maison.

    Coureur de bague, de tête, celui qui court la bague, les têtes.

    Coureur de bois, nom, en Canada, de ceux qui vont faire la traite des castors et autres pelleteries.

    Familièrement. Coureur de bals, de spectacles, celui qui est de tous les bals, qui suit tous les spectacles.

    Coureur de nuit, celui qui se retire tard, qui fait de la nuit le jour.

    Coureur, celui qui court d'amourette en amourette. Hé, mon Dieu ! je connais mon don Juan sur le bout du doigt, et connais votre cœur pour le plus grand coureur du monde, Molière, Festin, I, 2.

    Coureur de filles, ou, simplement, coureur, homme de mauvaise vie. J'aurais défié tous les coureurs de filles de Paris d'écrire jamais une seule des lettres d'Héloïse, Rousseau, Dial. I. Un coureur de taverne et de mauvais lieux, Rousseau, Dial. II.

  • 4 Au plur. Cavaliers détachés qui, en temps de guerre, battent le pays et éclairent l'armée. Pendant ces événements, Davoust, au sud de Vilna, avait entrevu quelques coureurs de Bagration, qui déjà cherchait avec inquiétude une issue vers le nord, Ségur, Hist. de Nap. IV, 5.
  • 5Cheval de selle propre pour la course et, particulièrement, pour la chasse. Il était monté sur un excellent coureur.

    Terme de zoologie. Les coureurs, nom donné à une famille de l'ordre des rongeurs, à laquelle appartient le lièvre ; à un ordre de la classe des oiseaux qui ne volent pas ou ne volent guère et qui courent très vite ; à un groupe d'orthoptères dont les pieds sont propres à la course, tels que les blattes ; à une famille de crustacés dont les pieds sont uniquement propres à la course ou qui sont remarquables par leur agilité.

  • 6 Terme de mines. Filon de charbon de terre à découvert.
  • 7 S. f. Coureuse, jument légère. Une bonne coureuse.

    Fig. Coureuse, fille ou femme de mauvaise conduite. Une coureuse de remparts. Une petite coureuse de bonnes fortunes, Hamilton, Gramm. 10. Avec les faveurs de toutes les coureuses de la ville, Hamilton, ib. 9. Ne voudrait-on point que je mariasse mon fils avec elle ? une fille inconnue qui fait le métier de coureuse ? Molière, Fourb. III, 11.

  • 8 Adj. Qui est bon à la course. Chevaux coureurs, chevaux de relais qui courent la chasse.

    Terme d'entomologie. Araignée coureuse, araignée vagabonde et qui ne file pas de toile.

    Pieds coureurs, pieds qui ne peuvent servir qu'à la marche, comme chez les carabes.

    Terme d'ornithologie. Oiseaux coureurs, oiseaux dont les jambes sont demi-nues, et qui sont très vites à la course ; telle est l'autruche.

HISTORIQUE

XIIe s. Desor Paiens tant destrier coreor, Ronc. p. 44.

XVe s. Les François et leur route chevauchoient d'un costé, les coureurs allemans d'autre, Froissart, I, I, 139. Lors envoyerent les Anglois leurs coureurs par les villages, et ardirent en une empainte [attaque] plus de soixante en la marche de Reims, Froissart, II, II, 66. Il est de necessité qu'il y ait coureurs et les mettre voulentiers fors, affin qu'ilz reboutent les coureurs des ennemis, le Jouvencel, f° 81, dans LACURNE.

XVIe s. Ordonnent aus dits dismeurs de ce pays d'avoir un coureur de disme juré, qui ayt presté le serment es mains de l'officier de garder tant le droit des dits dismeurs que des laboureurs, Nouv. Coust. génér. p. 311.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. corredor ; ital. corridore ; anc. franç. coreor ; d'une forme latine curritorem, de currere, courir (voy. COURIR), forme supposée par l'ancien français coreor, d'où coureur dérive, comme tous nos substantifs de ce genre, en eur, dérivent d'une forme en eor de l'ancienne langue : doneor, donneur, etc.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COUREUR.
4Ajoutez :

Fig. Il n'y a point de douleur qui n'ait des intervalles ; car elles ont toutes quelque progrès, comme coureurs qui nous avertissent que nous allons avoir le gros sur les bras, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.