« crocodile », définition dans le dictionnaire Littré

crocodile

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

crocodile

(kro-ko-di-l') s. m.
  • Espèce de grand lézard amphibie qui habite les contrées chaudes. Le crocodile, ce terrible amphibie, dont la voracité est extrême, qui hante les grands fleuves de l'Inde, de l'Afrique et de l'Amérique, et qui ressemble tant par sa forme au lézard, est, comme lui, ovipare et pond comme lui dans le sable, Bonnet, Contempl. nat. 11e part. ch. 5. De son double séjour équivoque habitant, Le crocodile sort de l'arène féconde, Et balance indécis entre la terre et l'onde, Delille, Parad perdu, VII.

    Fig. C'était s'attendre à la pitié d'un crocodile, Hamilton, Gramm. 8. Crocodile trompeur, De qui le cœur félon est pire que…, Molière, Dép. amour. I, 6. Ah ! crocodile qui flatte les gens pour les étrangler, Molière, G. Dand. III, 8.

    Larmes de crocodile, larmes d'hypocrite, douleur feinte par le moyen de laquelle on s'efforce de surprendre ; locution tirée de la fable d'après laquelle le crocodile pleurait pour attirer les passants. Le crocodile ainsi tue en versant des pleurs, La sirène en chantant, et l'aspic sous les fleurs, Rotrou, Bélis. V, 5. Larmes de crocodile, yeux lascifs, doux langage, Soupirs, souris flatteurs, tout est mis en usage, Quand il s'agit d'attraper un amant, La Fontaine, dans le Dict. de DOCHEZ.

HISTORIQUE

XVIe s. On fait un medicament du crocodile, nommé crocodilée, contre les suffusions et cataractes des yeux, Paré, Monstres, app. 1.

XVIe s. Quant à la force, il n'est animal au monde en butte de tant d'offenses que l'homme ; il ne nous fault point une baleine, un elephant et un crocodile ny tels autres animaulx, desquels un seul est capable de desfaire un grand nombre d'hommes, Montaigne, II, 171.

ÉTYMOLOGIE

Lat. crocodilus ; provenç. cocodrilh, cocodrilhe, et aussi calcatrics, s. f. ; anc. franç. cocatrix ; espagn. cocodrilo ; ital. coccodrillo.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CROCODILE. Ajoutez : - REM. Gesner, dans son Histoire des animaux, t. II, p. 16, Francfort, 1617, in-folio, dit que, selon quelques auteurs, le crocodile, quand il voit de loin un homme, se met à pleurer (pour l'attirer sans doute), puis bientôt après le dévore. C'est ce conte qui a donné lieu à l'expression : larmes de crocodile. Ce conte se trouve dans un livre du XIVe siècle : Ces animaux féroces sont pourvus d'une sensibilité exquise, à ce point que souventes fois les ai moi mesme ouys geignants ou se lamentants es rozeaus, poussants des sanglots qui semblent mugissement de bœufs, et versants, ainsi qu'il m'a esté assuré, larmes qui jaillissent du pertuis de leurs yeux, comme de pommes d'arrosoirs, Livre des merveilles (Mandeville), cité dans le Courrier de Vaugelas, 15 nov. 1874.