« croquant », définition dans le dictionnaire Littré

croquant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

croquant [1]

(kro-kan) s. m.
  • 1Terme méprisant. Un homme de rien, sans consistance, sans valeur. Passe un certain croquant qui marchait les pieds nus ; Ce croquant par hasard portait une arbalète, La Fontaine, Fabl. II, 12. Quoi ! après la figure que nous avons faite, à la barbe des grands et des étrangers de l'armée, quitter la partie comme des sots, plier bagage comme des croquants au premier épuisement des finances, Hamilton, Gramm. 2. Quoi ! Dorante, cet homme à maintien débonnaire, Ce croquant qu'à l'instant je viens de voir sortir, Regnard, le Joueur, IV, 9. Ces croquants-là vous disent plus de sottises dans une brochure de deux pages que la meilleure compagnie de Paris ne peut dire de choses agréables et instructives dans un souper de quatre heures, Voltaire, L'homme aux 40 écus, un bon souper. Bien qu'après coup tous ces croquants Osent me traiter d'antiquaille, Béranger, Prétint.
  • 2 S. m. plur. Paysans qui se révoltèrent en Guienne sous Henri IV. La révolte des croquants.

HISTORIQUE

XVIe s. La petite guerre des croquans, ainsi nommez, pour ce que la premiere bande qui prit les armes fut d'une paroisse nommée Croc de Limousin, D'Aubigné, Hist. III, 382. Discourir sur un ordre nouveau, menacer de se faire croquan, et sur la monnoye de sa reputation mandier quelque pauvre repas, D'Aubigné, Conf. I, 5. La deroute des croquans en Limousin au nombre de quinze mille, Sully, Mém. t. III, p. 159, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

D'après d'Aubigné croquant vient du nom du village de Croc ; d'après de Thou, de ce que les paysans révoltés criaient : aux croquants, c'est-à-dire à ceux qui croquaient, mangeaient les pauvres gens ; ce qui, sans venir en confirmation de cette dernière étymologie, contredirait celle de d'Aubigné, c'est croquart qui se trouve dans Froissart, I, I, 325 : Ce croquart chevauchoit une fois un jeune coursier.