« cuve », définition dans le dictionnaire Littré

cuve

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cuve

(ku-v') s. f.
  • 1Grand vaisseau de bois qui n'a de fond que d'un côté, composé de douves, lié avec des cerceaux en bois ou en fer, et dans lequel se met la vendange. La cuve de Clairvaux passait pour tenir quatre cents muids. Les celliers sont ouverts, la cuve est réparée, Saint-Lambert, Saisons, III. Près de la cuve qui bouillonne On voit s'égayer le vieillard, Béranger, Champs.

    À fond de cuve, en manière de grande cuve. Fossé à fond de cuve, fossé qui n'a point de talus.

    Fig. Déjeuner, dîner à fond de cuve, déjeuner, dîner amplement.

  • 2 Par extension, grand vaisseau de bois en forme de cuve, dans lequel se font diverses opérations. Cuve de brasseur. Cuve de teinturier.
  • 3Grand vase en pierre, en marbre, en bronze destiné à contenir de l'eau, tel que les baignoires, les fonts baptismaux.
  • 4Nom, dans les laboratoires, de vases rectangulaires, en bois ou en pierre, remplis d'eau ou de mercure, et dans lesquels on manipule les gaz.
  • 5 Terme de forges. Partie cylindrique et centrale du haut fourneau, dans laquelle s'opèrent les charges et qui est superposée à la partie dite les étalages.
  • 6Cuve de Vénus, un des noms du chardon à foulon.

HISTORIQUE

XIIe s. Isnelement fu li fons aprestés ; C'est une cueve de vert marbre listés, Guill. d'Orange, Variantes, t. II, p. 311.

XIIIe s. Si m'estuet que j'aille as estuves, Tout aions nous ceans des cuves ; N'i vaudroit riens baing sans estuves, la Rose, 14562. Malbailiz fu et deceüz, Car dedenz la cuve est cheüz, Ren. 12016.

XIVe s. Fist le roy dreser pierres et mangonneaulx et une tour sus quatre roes et une cuve de boys, et fist apareiller et amasser quant que il peut assembler de tourmens [machines de guerre], puis les fist lancer de toutes parts et assaillir par grant vertu, Chron. de St-Denis, t. II, f° 30, dans LACURNE.

XVe s. Et y a un très beau clos… et dedans ce clos, très grand foison de vignobles ; car, an par autre, y ont bien les freres entre cent et six vingts cuves de vin, Froissart, II, III, 100. Et [elle] si dira : encor je vueil Une futaine, monseigneur, Et me faut un mantel greigneur, Que je n'ay adroit fons de cuve [nom d'une sorte d'habillement de femme], Deschamps, Poésies mss. f° 496, dans LACURNE.

XVIe s. Cet assaut opiniastré et très bien deffendu principalement par les feux artificiels, fit en fin quitter la basse-court aux Anglois et se retirer dans la cuve, où ils se rendirent à vie sauve, D'Aubigné, Hist. I, 28. Le peuple qui couroit aux barricades y trouva tant de tonneaux et de cuves plaines de bled au lieu de terre, que…, D'Aubigné, ib. II, 313. Espatules droites et renversées, cuves, cuvettes, cuveaux, chaires à demis baings, Paré, t. III, p. 639. Les fossés sont creusés en talussant, non à fons de cuve et droite pente, De Serres, 745. Grosse ville close, dont les fossez sont moult larges, plains d'eau vive, faitz à fons de cuve, P. Choque, dans LEROUX DE LINCY, Bibl. des Chart. 5e série, t. II, p. 166. Il y avoit aux carrefours à Rome des vaisseaux et demy cuves pour y apprester à pisser aux passants, Montaigne, I, 372.

ÉTYMOLOGIE

Berry, cube, cue ; wallon, coûve ; provenç. et espagn. cuba ; du latin cupa ; comparez coupe, vase.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CUVE. Ajoutez :
6Chez les teinturiers, la cuve, le vaisseau où l'on fait la teinture, à la différence de la chaudière. Les teinturiers du petit teint n'auront des cuves en leurs maisons ou boutiques, mais seulement des chaudières de cuivre, suivant leur ancien usage, à peine de 150 francs d'amende, et d'interdiction de la maîtrise, Règlement sur les manufactures, août 1669, Teinturiers en laine, art. 2.

Ce passage explique les expressions suivantes : Les bleus pâles et bleus beaux seront teints de pure cuve d'inde, ib. Teinturiers en soie, laine et fil, art. 10. Tous les fils de lin… ne seront teints en bleu commun, mais seulement en bleu de cuve, ib. art. 73.