« délectation », définition dans le dictionnaire Littré

délectation

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délectation

(dé-lè-kta-sion ; en poésie, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Plaisir qu'on savoure avec plénitude. Il éprouvait une vraie délectation à se promener sous ces belles allées.
  • 2 Terme de théologie. Plaisir, goût qu'on prend à faire quelque chose. Dans le système des deux délectations, celles de la grâce sont opposées à celles de la nature, et les plus puissantes l'emportent. La coutume, sans cela, passerait pour tyrannie ; au lieu que l'empire de la raison et de la justice n'est non plus tyrannie que celui de la délectation, Pascal, Vrai bien, 9. Dieu change le cœur de l'homme par une douceur céleste qu'il y répand, qui, surmontant la délectation de la chair, fait que l'homme conçoit du dégoût pour les délices du péché qui le séparent du bien incorruptible, Pascal, Prov. 18. Vous pouvez désirer ces saintes délectations, Bossuet, Lettr. abb. 179. La grâce médicinale de J. C. consiste dans une délectation intérieure, Fénelon, t. III, p. 244. Il faut soigneusement distinguer la délectation que Dieu a mise en nous à la vue de lui-même, d'avec la pente que la révolte du premier homme a mise dans nos cœurs pour nous faire centre de nous-mêmes, Fénelon, t. XVIII, p. 309.

    Délectation morose, complaisance avec laquelle on pense à une mauvaise chose, sans intention de la commettre.

HISTORIQUE

XIIIe s. Car, si cum tesmoigne la letre, Profit et delectation C'est toute leur entencion, la Rose, 15443.

XIVe s. Il semble à aucuns que felicité est toute vertu ensemble, ou aucunes d'icelles [vertus] avecques delectation ou au mains non pas sans delectation, Oresme, Eth. 18. Plusieurs de grant auttorité dient que felicité est delectation corporel, Oresme, ib. V, 9.

XVe s. Tu ne mets mie ton cœur en la vie amoureuse, pour cause de mieulx en valoir, ne pour vertu, mais seulement pour la delectation que ton corps en a, Bouciq. I, ch. 7.

XVIe s. En Dieu sera ta delectation, Marot, IV, 277. Il abandonna le labourage, disant que l'agriculture estoit de plus grande delectation que de grand profit, Amyot, Caton, 45.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. delectatio ; espagn. delectacion ; ital. dilettazione ; du latin delectationem, de delectare, délecter.