« dériver.2 », définition dans le dictionnaire Littré

dériver

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

dériver [2]

(dé-ri-vé) v. a.
  • 1Faire sortir les eaux du fil de leur courant, les détourner de leur cours au moyen d'un canal de dérivation.

    Par extension, en termes de médecine, dériver les humeurs, les faire couler d'un côté différent de celui où elles se portaient.

  • 2Fig. Terme de grammaire. Faire provenir. D'où dérivez-vous ce mot-là, c'est-à-dire quelle racine lui donnez-vous ?
  • 3 V. n. Être détourné de son lit, en parlant des cours d'eaux. On a pratiqué des rigoles par lesquelles les eaux du fleuve dérivent dans ce canal.
  • 4 Fig. Avoir sa cause, prendre son origine. C'est de là que dérivent tous nos malheurs. Et maintenant ces deux âmes pieuses, touchées sur la terre du même désir de faire régner les lois, contemplent ensemble à découvert les lois éternelles d'où les nôtres sont dérivées, Bossuet, le Tellier. Les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses, Montesquieu, Espr. I, 1.

    Terme de grammaire. Tirer sa formation d'après certaines règles. Le plus grand nombre des mots français dérivent du latin.

  • 5Se dériver, v. réfl. Être dérivé. Ces eaux se dérivent d'une rivière. Ces mots se dérivent aisément les uns des autres.

HISTORIQUE

XIIe s. Cant il font paroles d'exhortation, soi ellievent par dedens, de ce ke la grasce de predication est parmi eaz [eux] derivée, Job, 492.

XIIIe s. Car Diex li biaus outre mesure, Quant il biauté mist en nature, Il en i fist une fontaine Tousjors corant et tousjors plaine, De qui toute biauté desrive, la Rose, 16439.

XIVe s. Se le non de desattrempance est dit et derive de l'autre ou au contraire, Oresme, Eth. 99. Et pour ce son nom est derivé de meur et en differe peu, Oresme, ib. 33. Accident est derivé et despent de substance, Oresme, ib. VI (10).

XVIe s. Ils avoient bien accoustumé de tout temps de prendre soigneusement la protection des villes extraittes et derivées de la leur, Amyot, Timol. 3. Pour deriver toute la suspicion du faict sur Agesilaus, Amyot, Agésil. 38. Sur luy se deriva partie de la haine que l'on portoit à ce Fulvius, Amyot, Gracques, 44. Tout ainsi comme du chef sourdent et se derivent les nerfs, instruments du sentiment et du mouvement, Amyot, Moral. Epît. p. 7. La matiere sera derivée en ouvrant les veines proches de la playe, Paré, VIII, 14. Souhaitant que cette esmotion chaleureuse [des guerres civiles] qui est parmy nous se peust deriver à quelque guerre voisine, Montaigne, III, 99.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. deribar, derivar, derrivar ; espagn. derivar ; ital. derivare ; du latin derivare, de de, et rivus, ruisseau.