« enfumer », définition dans le dictionnaire Littré

enfumer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

enfumer

(an-fu-mé) v. a.
  • 1Emplir de fumée. Le vent a changé, et la cheminée enfume la chambre.

    Il se dit de la fumée de l'encens. Ô combien d'écrivains languiraient inconnus, Qui, du Pinde français illustres parvenus, En servant ce parti [le parti des philosophes] conquirent nos hommages ! L'encens de tout un peuple enfume leurs images, Gilbert, XVIIIe siècle.

  • 2Noircir par la fumée. Enfumer des verres.

    Terme de beaux-arts. Étendre une teinte rousse sur un tableau pour lui donner l'apparence d'un vieil original.

  • 3Incommoder par la fumée. Vous allez nous enfumer avec ce bois vert.

    Enfumer un renard, des abeilles, les forcer de sortir de leur retraite par la fumée. …Le prince tout à l'heure Veut qu'on aille enfumer renard dans sa demeure, La Fontaine, Fabl. VIII, 3.

  • 4 Fig. Troubler l'esprit par les fumées de l'orgueil ou du vin. Mais, pour un vain bonheur qui vous a fait rimer, Gardez qu'un sot orgueil ne vous vienne enfumer, Boileau, Art p. II.
  • 5Faire un petit feu dans le fourneau à briques, afin de le chauffer par degrés.
  • 6S'enfumer, v. réfl. S'entourer de fumée. Les Lapons n'ont point d'autre remède contre ces maudits animaux [moucherons] que d'emplir de fumée le lieu où ils demeurent… nous fîmes la même chose et nous nous enfumâmes, Regnard, Voyage en Laponie, t. IV, p. 206.

    Se noircir par la fumée. Mes meubles se sont enfumés cet hiver.

HISTORIQUE

XIIe s. Toz nu piez est, si drap sont enfumé ; En la cuisine ot lonc tans conversé, Bat. d'Aleschans, v. 3453.

XIIIe s. Lors jete [Genius] le cierge en la place, Dont la flame toute enfumée Par tout le monde est alumée, la Rose, 20873.

XVe s. Et l'Allemand le consuivit par telle maniere de son glaive roide et enfumé [durci au feu] que oncques ne se brisa ni ploya, Froissart, I, I, 113. Une pauvre maisonnelle enfumée, aussi noire que airement [encre], Froissart, II, II, 157.

XVIe s. Ne les riches maisons Avec leur gloire et enfumez blasons, Marot, III, 162. Le reste du corps estoit de la couleur d'un gris enfumé, Paré, XIX, 4. Qui la flame immortelle aux temples gardera ? Qui d'encens sabean ton throne enfumera ? Ronsard, 872. C'est une idole enfumée [un vieillard] Au coin d'une cheminée Qui ne fait rien que cracher, Ronsard, 559.

ÉTYMOLOGIE

En 1, et fumer ; provenç. enfumar.