« ensorceler », définition dans le dictionnaire Littré

ensorceler

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ensorceler

(an-sor-se-lé. La syllabe ce prend deux l quand la syllabe qui suit est muette : j'ensorcelle, j'ensorcellerai) v. a.
  • 1Troubler, abuser par des sortiléges. Les gens croyaient qu'on pouvait les ensorceler, et l'imagination les ensorcelait effectivement.

    Il faut qu'on l'ait ensorcelé, se dit quand on trouve dans le langage ou les manières de quelqu'un un changement inexplicable. Si nous avions bien fait, nous t'aurions étranglé ; Il faut assurément qu'on l'ait ensorcelé, Regnard, Ménechm. II, 6.

    Il faut qu'on m'ait ensorcelé, se dit pour exprimer qu'on ne comprend rien à ce qui se passe. Il faut absolument qu'on m'ait ensorcelé ; Si j'en connais pas un, je veux être étranglé, Racine, Plaid. II, 5.

    Par extension. Tant l'aveugle appétit ensorcelle les hommes, Régnier, Sat. VII.

  • 2Captiver les bonnes grâces. Vous nous ensorcelez, vous enchantez nos sens, Desmarets, Visionnaires, v, 2. Il sut de telle adresse ensorceler Mirame, Qu'en la place du prince il se mit dans son âme, ID. Mirame, I, 1. Il a le soin de tout le monde ; il flatte, il s'insinue, il ensorcelle tous ceux qui ne pouvaient pas le souffrir, Fénelon, t. XIX, p. 452.

    Avec un nom de personne ou de chose pour complément indirect. Rien n'est pareil aux cajoleries dont elle [la duchesse de Bourgogne ] sut bientôt ensorceler Mme de Maintenon, Saint-Simon, 41, 255. [Ma femme] N'eût point joué, n'eût pas ruiné ma famille, Ni d'un maudit marquis ensorcelé ma fille, Voltaire, la Femme qui a raison, III, 5.

  • 3S'ensorceler, v. réfl. Être captivé par. S'ensorceler d'erreurs et de visions.

HISTORIQUE

XIIIe s. Roïne, fait-il, chou [ce] que doit [que signifie cela], Que si paroles [tu parles ainsi] contre droit ? Chrestien t'ont ensorcerée ; Car tu ies toute fantosmée, Vies des Saints, ms. de Sorb. chif. LX, col. 54, dans LACURNE.

XIVe s. L'en ne peut mieulx ensorceller un homme que de luy faire son plaisir, Ménagier, I, 7.

XVIe s. Tous s'ensorcellent d'erreurs et resveries qui les menent à confusion, Calvin, Instit. 815.

ÉTYMOLOGIE

En 1, et le radical de sorcier (voy. ce mot). La forme la plus correcte est la plus ancienne : ensorcerer.