« frayer », définition dans le dictionnaire Littré

frayer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

frayer [1]

(frè-yé ; d'après Chifflet, Gramm. p. 197, on prononçait fra-yer), je fraye, tu frayes, il fraye ou il fraie, nous frayons, vous frayez, ils frayent ou ils fraient ; je frayais, nous frayions, vous frayiez, ils frayaient ; je frayai ; je frayerai, ou fraierai, ou fraîrai ; je frayerais, ou fraierais, ou fraîrais ; fraye, frayons ; que je fraye, que nous frayions, que vous frayiez, qu'ils frayent ; que je frayasse ; frayant ; frayé v. a.
  • 1Rendre praticable par les pas et le cheminement. Frayer une voie, un sentier, un chemin.

    Fig. Frayer le chemin, aplanir les difficultés, faciliter l'accès. Elle [la raison] ne nous est donnée que pour nous frayer le chemin à la foi, Massillon, Carême, Vérité de la relig. Ce sont des vues de fortune qui vous ont frayé la route par où vous marchez, Massillon, Carême, Voc. Le général de la couronne, Jean Sobieski, lava la honte de son pays dans le sang des Turcs à la célèbre bataille de Choczim, qui lui fraya le chemin au trône, Voltaire, Hist. Russie, I, 3.

    On dit de même : frayer l'accès. La vertu frayait l'accès au trône, Voltaire, Or. fun. Louis XI.

    Frayer le chemin, signifie quelquefois simplement précéder. …Pour moi s'il n'est point d'autre foudre, J'aurai pour ce départ [la mort] du temps à m'y résoudre ; D'autres vous enverraient leur frayer le chemin, Corneille, Attila, V, 3. Nos ancêtres nous en frayèrent hier le chemin [de l'éternité] ; et nous allons le frayer demain à ceux qui viendront après nous, Massillon, Carême, Sur la mort. Marchant dans les sentiers que fraya mon courage, Voltaire, Sémir. III, 6.

    Se frayer, frayer à SOI, rendre praticable pour soi un chemin, une voie. Se frayer un passage dans le fourré. À travers les vainqueurs il se fraye un passage, Briffaut, Ninus II, v, 1.

    Fig. Se frayer le chemin à une dignité, disposer ses moyens pour y parvenir. Des voies que vos passions se sont frayées, Massillon, Carême, Prosp.

    On dit de même : se frayer le chemin des honneurs ; se frayer un chemin au trône.

  • 2Faire une rainure sur le bord d'une lame de couteau, de canif, etc.

HISTORIQUE

XVe s. Et donc se retourna sur destre et sa route, et prirent un chemin assez frayé qui les mena droit…, Froissart, I, I, 139.

XVIe s. L'ambition fraya le chemin à l'envie, Casteln. 62. Je fuy les grands chemins frayez du populaire, Ronsard, 236.

ÉTYMOLOGIE

Wall. frot ; bourguign. froyé. L'origine de ce mot présente des doutes. Il n'est pas très ancien, du moins on ne l'a pas au delà de Froissart. 1° On peut croire qu'il est le même que froier (voy. le suivant), et qu'il vient, comme lui, du latin fricare, frotter ; mais le sens de frottement suffit-il pour expliquer le sens de frayer un chemin ? 2° On peut penser qu'il est l'équivalent de l'ancien verbe froer, briser ; ici le sens serait bon, car route est via rupta ; dans ce cas, l'assimilation aurait agi pour transformer froer en frayer. 3° Enfin faut-il y voir un dérivé irrégulier de fractus, brisé ? Le sens serait bon ; quant à la forme, elle serait bonne aussi ; car on l'a dans frayant et dans l'ancien verbe fraier, qui proviennent de fractus (voy. FRAYANT et FRAIS 2).