« fricasser », définition dans le dictionnaire Littré

fricasser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fricasser

(fri-ka-sé) v. a.
  • 1Accommoder de la viande, surtout de la viande coupée par morceaux, ou des légumes avec du beurre, ou les faire cuire dans une sauce. Fricasser du veau, des pommes de terre. Fricasser un poulet.

    Absolument. Cependant on fricasse, on se rue en cuisine, La Fontaine, Fabl. IV, 4.

    Fricasser chair et poisson, faire grande chère. Elle est partie de chez Bayard après y avoir brillé, et dansé, et fricassé chair et poisson, Sévigné, 281.

    Familièrement et ironiquement. L'on t'en fricasse, c'est-à-dire tu n'en auras pas, ce n'est pas pour ton nez. Moi je te chercherais ? ma foi ! l'on t'en fricasse Des filles comme nous, Molière, le Dép. IV, 4.

  • 2 Fig. et familièrement. Dissiper en dépenses extravagantes. Sans fruit aucun [il] vendit et fricassa Tout son avoir…, La Fontaine, Fauc. Guilleragues avait des amis et vivait à leurs dépens, parce qu'il avait tout fricassé, Saint-Simon, 39, 200. D'Aubeterre fut le plus bas valet de M. de Vaudemont, qui lui valut bien de l'argent qu'il fricassa en panier percé qu'il était, Saint-Simon, 172, 38. Mon émerveillement dure toujours que le fils de Samuel nous ait fait banqueroute six mois après, et qu'il ait trouvé le secret de fricasser huit millions obscurément et sans plaisir, Voltaire, Lett. d'Argental, 15 mai 1758.
  • 3 Fig. et très familièrement. Faire périr, perdre. Et s'il eût cru lors son courage, L'animal s'en venait à nous, Et nous étions fricassés tous, Scarron, Virg. III.
  • 4 Populairement. Préparer à manger.
  • 5Se fricasser, v. réfl. Être fricassé. Les poulets se fricassent ainsi.

HISTORIQUE

XVe s. L'espée estoit toute d'acier, …Mais l'hoste la me fist menger, Fourreau et tout sans friscasser, Villon, Repues franches, Ball. des ecoutants.

XVIe s. …De mil et avoine fricassés en une poille avec un peu de vin blanc, Paré, VIII, 41. Nous voyons souvent une milliasse de pauvres hommes fricassés sous une mine ou cazematte, Paré, IX, Préf. Ils jettent leur cinabre sur la braise, et les fricassent et parfument comme font les mareschaux quelque cheval morveux, Paré, XVI, 14.

ÉTYMOLOGIE

D'après Diez, un radical fric, qui se trouve dans fric-andeau, fric-asser, fric-ot, et qui provient du germanique : goth. friks ; anc. h. allem. freh, avide ; anglo-sax. frec, hardi ; anc. angl. frek, vif. Il y a, dans l'ancien français, frique, et, dans le provençal, fric, qui signifient vif ; ceux-là se rattachent sans doute au germanique par le sens et par la forme ; quant à fricot, fricasser, fricandeau, Diez les y rattache aussi par la signification d'avide, d'où ce qui excite l'avidité, ce qui plaît au goût. Toutefois cette opinion n'a pas rallié tout le monde ; et Mahn croit que le radical fric est dans fricare, mot que donne du Cange avec le sens de frire ; il y voit une corruption de frictare, fréquentatif fictif de frigere, frire. Peut-être on peut en concevoir la formation autrement ; le bas-latin a frixa, friture, qui est correct ; d'où frica, qui se trouve, et fricare, qui se suppose. Dans l'opinion de Diez on ne comprend pas la syllabe and dans fricandeau et dans fricanderie, sorte de gâteau (DU CANGE, frixa) ; au lieu que, avec fricare, fricandeau, fricanderie sont des dérivés de fricans ou fricandus. Quant à fricare, frotter, auquel on peut songer, outre que le sens n'est pas commode, il avait donné d'autres formes, froier, fraier.