« friand », définition dans le dictionnaire Littré

friand

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

friand, ande

(fri-an, an-d') adj.
  • 1Qui flatte le palais d'une manière délicate (étymologiquement, le flattant, comme quelque chose qui est frit). Il se réjouissait à l'odeur de la viande, Mise en menus morceaux et qu'il croyait friande, La Fontaine, Fabl. I, 18. Votre ordinaire est donc trop peu friand à votre goût… ? La Fontaine, Gag. Si celui-ci est à table et qu'il prononce d'un mets qu'il est friand, le maître et les convives, qui en mangeaient sans réflexion, le trouvent friand et ne s'en peuvent rassasier, La Bruyère, V. Ce qui m'impatientait, c'est qu'il n'y avait rien d'assez friand pour ces grands serviteurs de Dieu, Marivaux, Pays. parv. 4e part.

    Fig. À son âge, un époux est un morceau friand, Hauteroche, Bourg. de qualité, V, 3. Friands souris, tout comme en a le traître [l'Amour], On vous les voit : mais aussi ses défauts, Les avez tous…, Lafare, à Mme de B. Le nom [d'Auvergne] était friand pour des gens qui minutaient de changer leur nom de la Tour en celui d'Auvergne, Saint-Simon, XXIV, 27. Jadis ton maître a fait mainte folie Pour des minois moins friands que le tien, Béranger, Célib.

  • 2Qui aime et apprécie la chère fine et délicate. L'homme, le plus friand des animaux, appelle à lui toutes les productions de la nature, et force tous les climats de satisfaire à ses goûts et à son intempérance, Bonnet, Consid. corps org. t. V, p. 153, dans POUGENS.

    On dit souvent : Friand comme une nonne.

    Avoir le goût friand, avoir le goût délicat et bien apprécier les bons morceaux.

    Être friand de, aimer beaucoup une chose. Cependant un sanglier, monstre énorme et superbe, Tente encor notre archer friand de tels morceaux, La Fontaine, Fabl. VIII, 27. Elle était friande de toutes sortes de sucreries, Hamilton, Gramm. 9.

    Fig. Être friand de louanges, de nouveautés. Vous pensiez bien trouver quelque jeune coquette Friande de l'intrigue et tendre à la fleurette, Molière, Éc. des maris, II, 9. Au bout de quelque temps que messieurs les louvats Se virent loups parfaits et friands de tuerie, La Fontaine, Fabl. III, 13. … Qui hait les présents ? Tous les humains en sont friands, La Fontaine, Petit chien. Les grands sont friands d'horoscope ; Ils pensent que leur sort est écrit dans les cieux, Lamotte, Fabl. V, 12.

HISTORIQUE

XIIIe s. Jà n'ai je mie le pooir De tiex [telles] cointeries veoir, Que cil ribauz saffre, friant… Entor vous remirent et voient, Quant par ces rues vous convoient, la Rose, 8542.

XIVe s. Si tu vois que le faucon est bien friant à la char et qu'il mengue [mange] bien volontiers, Modus, f° LXXIX, verso. Il n'est si bone armeure que de ce vin friant Et de ces pastez là qui vont souez flairant, Hugues Capet, v. 2269. Plusieurs ne la frisent point [ne la font point frire, une certaine préparation], jà soit ce que c'est le plus friant, Ménagier, II, 5.

XVe s. Il est vrai que je suis friant De vin, quand c'est vin qui merite, Basselin, III. Dedans l'amoureuse cuisine, Où sont les bons frians morceaux, Orléans, Rondeau.

XVIe s. Des viandes friandes et delicates, Calvin, Instit. 998. Cette retraite fut assez friande [gaillarde], pour ce qu'ils avoient sur les bras la fleur de l'armée qui leur faisoient des charges, D'Aubigné, Hist. I, 287. C'est un mauvais compagnon à la table, parce qu'il est friand et gourmand, Amyot, Du vice et de la vertu, 3. Ceulx qui ne bougent jamais d'alentour des tables plantureuses et friandes, Amyot, Comm. disc. le flatt. de l'ami, 7. … pour en l'air La friande perdrix par eux [l'autour et le tiercelet] faire voler, Nous montons à cheval…, Plaisir des champs, p. 242. Nous rendre moins aigres et friands à la jouissance des biens et des plaisirs, Montaigne, II, 214. De femme volage et friande, En tout temps bonheur nous defende ! Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

C'est, comme l'a vu Ménage, le participe présent du verbe frire, avec un changement du t en d, puisque le féminin est friande, comme dans l'ancienne forme féminine galande de galant. Dans le XIIIe et le XIVe siècle, il y a deux sens : en parlant des choses, ce qui est appétissant ; en parlant des personnes, celles qui ont de la vivacité comme ce qui frit.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FRIAND. Ajoutez :
3Friand de la lame, qui aime à se battre en duel ; c'est un terme de raffinés. Il était ce qu'on appelle friand de la lame, l'Événement, 26 mars 1877.