« gardien », définition dans le dictionnaire Littré

gardien

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

gardien, ienne

(gar-diin, diè-n') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui garde quelqu'un ou quelque chose. Le gardien d'un détenu. Le gardien d'un dépôt.

    Celui qui veille à la conservation d'une chose. Le gardien d'un monument.

    Agent préposé à la surveillance dans les jardins publics, dans les musées. Les gardiens du jardin du Luxembourg.

    Celui qui est préposé par la justice à la garde des objets saisis. On l'a établi gardien des scellés, des meubles saisis.

    Terme de marine. Celui qui, dans les ports, garde un magasin, un navire ; le matelot qui surveille la chambre des poudres, etc.

  • 2Titre que l'on donne au supérieur de certains couvents. Le gardien des capucins. Le père gardien.
  • 3 Par extension, celui qui défend, protége. Vous êtes le gardien de nos libertés. La sainte Vierge, protectrice et gardienne. Soyez donc toujours [femmes de Genève] ce que vous êtes, les chastes gardiennes des mœurs et les doux liens de la paix, Rousseau, Dédic. à la rép. de Genève.

    Fig. Le travail et la sobriété furent les premiers gardiens de cette liberté, Voltaire, Mœurs, 187.

  • 4 Adjectivement. Ange gardien, ange qui, d'après les croyances catholiques, protége chaque individu. Ainsi, mes frères, nos saints anges gardiens, ne pouvant plus supporter nos crimes, en poursuivent enfin la vengeance, Bossuet, Sermons, Saints anges gardiens, 2.

    Substantivement. Ils [les anges] viennent à nous, chargés de ses dons [de Dieu], ils retournent chargés de nos vœux… tel est l'emploi et le ministère de ces bienheureux gardiens, Bossuet, ib. Préambule. À toute heure et à tous moments, ils [les anges] se tiennent prêts pour nous assister, gardiens toujours fervents et infatigables, sentinelles qui veillent toujours, Bossuet, ib. 1.

    Fig. Ange gardien, personne qui veille sur une autre avec affection. Vous êtes mon ange gardien.

  • 5 Terme d'ancienne jurisprudence. Gardien noble, celui qui avait la garde noble.

    Gardien de la régale, officier chargé de percevoir les revenus des abbayes et des évêchés vacants.

    Lettres de garde gardienne, lettres par lesquelles le roi accordait à certaines communautés, à certains particuliers le privilége d'avoir leurs causes commises devant certains juges.

  • 6Titre du grand maître de l'ordre de la Jarretière, en Angleterre. C'est toujours le roi qui est le gardien de cet ordre.

REMARQUE

Gardien n'est présentement en poésie que de deux syllabes ; Molière l'a fait de trois : Suis-je donc gardien, pour employer ce style, De… ? Molière, Dép. am. v, 3. Au XIVe siècle il n'est que de deux ; au XIIe il n'est que de deux aussi, mais sous la forme guardain.

SYNONYME

GARDE, GARDIEN. L'un et l'autre expriment la charge, le soin d'une garde ; mais la nuance que l'usage a mise, c'est que le garde est non-seulement chargé de garder le dépôt, mais encore de le diriger, tandis que le gardien n'a que le soin matériel : le garde des manuscrits de la bibliothèque impériale ; le gardien qui est dans la salle et qui surveille. De plus garde ne s'emploie guère au sens figuré, tandis que gardien comporte très bien l'emploi métaphorique.

HISTORIQUE

XIIe s. Mais de primes en est Normandie fulée ; Car la mort al saint humme i fu ains purparlée, E cil en est guardains, Th. le mart. 153.

XIVe s. Qui aus dis gardiens feront injures ou violence, Du Cange, avenius. Et jure que, si li gardien à ce tuit assentoient bien…, Machaut, p. 30.

XVe s. Sire, les Escots cette nuit ont pris et emblé le chastel de Bervich ; et le capitaine m'envoie devers vous afin que vous en soyez avisé ; car vous estes gardien de ce pays, Froissart, II, II, 15.

ÉTYMOLOGIE

Garder ; provenç. gardian ; catal. guardiá ; espagn. guardian ; ital. guardiano.