« gent.2 », définition dans le dictionnaire Littré

gent

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

gent, ente [2]

(jan, jan-t') adj.
  • Terme du style archaïque ou du style badin. Gentil, joli. Une gente demoiselle. Une gente fillette. Ces femmes… Qui gentes en habits et sades en façons, Régnier, Sat. IX. Mesdemoiselles du Vigean Ont le cœur noble et le corps gent, Voiture, Poésies, Œuvres, t. II, p. 131, dans POUGENS. Que dit-elle de moi cette gente assassine ? Molière, l'Ét. I, 6.

HISTORIQUE

XIe s. Ancui [nous] aurons un eschec [butin] bel et gent, Ch. de Rol. LXXXIX. Je vous durrai [donnerai] moillers [femmes] gentes et belles, ib. CCXLVII.

XIIe s. Biaus sire rois, vous m'avez fait gent don, Ronc. p. 40. Après [il] leur dist une gente raison, ib. p. 98. Où est belle Aude au gent cors honoré ? ib. p. 160. Et ses biaus bras et son cors bel et gent, Couci, v. Il est biaus et je suis gente ; Quant l'uns à l'autre atalente, Pour quoi nous as despartis ? Dame de Faiel, dans Couci.

XIIIe s. Au manger sist li rois et sa gente mesnie, Berte, II. Espousa rois Pepins Berte la belle et gente, ib. X. Droit vers Paris [ils] s'en vont, la cité noble et gente, ib. CXXXIV. Li chevaliers fu biaus et gens, la Rose, 1256.

XVe s. Et là venit le comte de Flandre à lui [Charles VI] qui lui asseoit sur son poing un faucon pelerin moult gent et moult bel, Froissart, II, II, 164.

XVIe s. Vostre gent corps de moy se part et emble, Marot, I, 341.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. gent, au fém. genta ; anc. espagn. gent ; anc. ital. gente (que le Dictionnaire de la Crusca dit venir du provençal). Gent ne représente pas directement gentilis, qui, ayant l'accent sur ti, a donné gentil ; mais on peut admettre que le français et le provençal ont reculé l'accent de gentilis, ont dit gentĭlis, et ont fait gent ; c'est ainsi que mansuetus a fourni l'espagnol manso. Diez, qui reconnaît cette possibilité, préfère cependant tirer gent de genitus (ce qui est bon lettre pour lettre), signifiant celui qui est né, qui est de bonne naissance, et, par suite, gent, gentil ; cela est appuyé par le féminin provençal genta. Pourtant remarquez que, dans l'historique qui remonte haut, on ne trouve jamais le sens d'engendré et toujours celui de gentil. L'anglais gentle ne peut venir en preuve de l'étymologie par gentilis ; car gentle ou genteel proviennent du français. Cet adjectif avait un comparatif gentior, plus gent, et un adverbe gentement.