« greffe.2 », définition dans le dictionnaire Littré

greffe

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

greffe [2]

(grè-f') s. f.
  • 1Opération par laquelle on ente sur un arbre une petite branche, un œil emprunté à un autre arbre, afin que la fleur ou le fruit de celui-ci soit porté sur celui-là. Celui qui, avant l'invention de la greffe, aurait affirmé que les arbres ne peuvent jamais porter que des fruits de leur espèce, n'aurait avancé qu'une erreur, Voltaire, Phil. Newt. singul. nat. Avoir trouvé le moyen de multiplier par la greffe ces individus précieux qui, malheureusement, ne peuvent faire une lignée aussi noble qu'eux, ni propager par eux-mêmes leurs excellentes qualités, Buffon, 7e époq. nat. Œuvres, t. XII, p. 360.

    Greffe par approche, celle qui consiste à mettre à nu, sur les deux parties correspondantes, les couches du liber et la surface de l'aubier, à rapprocher les deux individus et à les maintenir en contact à l'aide de matières agglutinatives ou de ligatures ; puis, lorsque la soudure est opérée, à couper au-dessous de ce point celui des deux individus que l'on a voulu greffer.

    Greffe par rameaux ou scions, celle dans laquelle, coupant transversalement le sujet, et y faisant à la partie supérieure une petite entaille ou fente, on y introduit la base du rameau amincie en biseau.

    Greffe en fente, la même que la greffe par rameaux ou scions.

    Greffe en couronne, celle dans laquelle on place plusieurs rameaux ou scions autour du sujet, de manière à leur faire simuler une couronne.

    Greffe par bourgeons, dite aussi greffe en écusson, et, suivant l'époque, greffe à œil poussant ou œil dormant, greffe dans laquelle, enlevant, sur une branche de la plante à greffer, un petit disque d'écorce portant à son centre un œil ou bourgeon latent, et enlevant sur le sujet un disque semblable, on substitue le premier disque au second.

    Greffes en flûte, en sifflet, en anneau, greffes qui se font par le transport d'un anneau d'écorce muni d'un bourgeon.

  • 2Jeune tige ou portion d'écorce pourvue d'un ou de plusieurs bourgeons qu'on transporte sur un autre individu, à l'effet de réunir et de confondre en une seule plante ces deux végétaux d'abord séparés. Une greffe est une sorte de bouture plantée dans un tronc vivant, Bonnet, Consid. corps org. Œuv. t. v. p. 432, dans POUGENS. Le suc nourricier passe alternativement du sujet dans la greffe, de la greffe dans le sujet, Bonnet, Us. feuilles plant. 5e mém. M. Duhamel avait observé que la greffe ne s'attache point sur la branche qui la porte comme les plantes parasites sur l'arbre dont elles tirent leur nourriture ; qu'elle fait un même corps avec le sujet ; que leurs organes ont entre eux une véritable continuité, Condorcet, Duhamel.

    Greffe animale, nom que l'on donne à des parties d'animaux qu'on a insérées sur des animaux vivants. On voit ici [l'implantation de l'ergot dans la crête d'un coq] l'exemple d'une véritable greffe animale qui, comme celle des végétaux, exige que les parties qui s'unissent soient douées chacune d'une force vitale, Condorcet, Duhamel.

HISTORIQUE

XIIIe s. Quant est racine de bone ente, Droiz est bien ke li fruz s'en sente ; Bon greife quant de bon cep crest, Li bons fruz par raisun en nest, Édouard le confesseur, V. 97.

XVIe s. Une ente est bien mal faite Du greffe en un bois sec, Yver, p. 575. Ainsi en y mettant de bons greffes, on se peuple des meilleures races de raisins qu'on puisse choisir, De Serres, 177.

ÉTYMOLOGIE

Comme on voit dans l'historique, le greffe servait à greffer ; et le greffe se disait aussi de ce que nous disons la greffe ; c'est donc le même mot que l'ancien français grefe, poinçon (voy. GREFFE 1, à l'étymologie). Pic. graveuse, greffe ; wallon, grèfon.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. GREFFE, s. f. Ajoutez :

Greffe sur genoux, la même que la greffe en fente ou en demi-fente, dite ainsi parce que, les sujets étant retirés du sol, on peut les greffer étant assis et, par conséquent, sur les genoux.