« grimaud », définition dans le dictionnaire Littré

grimaud

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grimaud

(gri-mô ; le d ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des gri-mô-z encroûtés) s. m.
  • 1Anciennement, nom donné aux écoliers des basses classes, aux élèves les plus ignorants. D'abord pour donner des leçons Aux grimauds et petits garçons, Il apprend si bien la grammaire… Que le mot le plus discordant, Il le conjugue…, Le Voyage de Mercure, 1653, dans FR. MICHEL, Argot.
  • 2 Fig. Mauvais écrivain, mauvais artiste. Allez, petit grimaud, barbouilleur de papier, Molière, F. sav. III, 5. Ces musiciens ne sont que des grimauds auprès de lui, Sévigné, 271. Mais, bien que ses durs vers, d'épithètes enflés, Soient des moindres grimauds chez Ménage sifflés, Lui-même il s'applaudit…, Boileau, Sat. IV. On ne saurait croire combien de mécontents a faits le choix du ministre [des gens de lettres invités à la table du roi de Danemark] : il n'est point de grimaud qui ne se soit imaginé digne de cette faveur, et qui ne regarde comme une injustice atroce d'avoir été excepté, Bachaumont, Mém. secrets, t. IV, p. 155.
  • 3Pédant encroûté. Il sait le grec, c'est un grimaud, La Bruyère, XII. Les Bignon, les Lamoignon étaient de purs grimauds ; qui peut en douter ? ils savaient le grec, La Bruyère, XII. Je vous remercie et je vous félicite de votre plan d'études ; il semble qu'autrefois les colléges n'étaient institués que pour faire des grimauds ; vous ferez des gens de mérite, Voltaire, Lett. Robert, 23 févr. 1764.
  • 4Grimaud, un des noms vulgaires de la chouette.
  • 5 Adj. Grimaud, grimaude, qui est d'humeur chagrine, maussade.

HISTORIQUE

XVIe s. Grimaud [le pere au diable], Oudin, Curios. fr. La lumiere et dignité a esté de mon age rendue es lettres, et y vois tel amendement, que, de present, à difficulté serai je receu en la premiere classe des petits grimaulx, qui, en mon aage virile, estoys reputé le plus sçavant du dit siecle, Rabelais, Pant. II, 8. Puys y accourut le maistre d'eschole, avecques tous ses pedagogues, grimaulx et escholiers, Rabelais, ib. IV, 48.

ÉTYMOLOGIE

Dérivé de grime. Grimaud a deux sens, celui de mauvaise humeur, qui se rapporte à grimer ; et celui de mauvais écolier, qui probablement dérive aussi de grimer ; l'idée défavorable qui est dans grimer ayant été portée sur ces petits et mauvais écoliers. Grimaud, le père au diable, dans Oudin, paraît offrir une transition. Au contraire, Scheler pense que grimaud en ce sens contient un radical grimer qui est dans grimoire, et qui signifierait griffonner. Dans le XIVe siècle on nommait à Chartres grimaudus, grimault, un cierge que le doyen offrait à la Chandeleur.