« gruger », définition dans le dictionnaire Littré

gruger

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

gruger

(gru-jé. Le g prend un e devant a et o : grugeant, grugeons) v. a.
  • 1Briser quelque chose de dur avec les dents. Gruger du sucre.

    Terme de sculpture. Briser avec un marteau à pointes de diamant certaines matières qui ne pourraient être entamées par un outil tranchant.

  • 2 Familièrement. Manger. Perrin Dandin arrive ; ils le prennent pour juge : Perrin fort gravement ouvre l'huître et la gruge, Nos deux messieurs le regardant, La Fontaine, Fabl. IX, 9. Vous mangerez tantôt ; voyez quelle insolence ! Gruger notre palais ! Le Grand, Roi de cocagne, I, 2. Me voilà noble, je garde le parchemin, je ne crains plus que les rats, qui pourraient bien gruger ma noblesse, Marivaux, Double inconst. III, 4.

    Absolument. Les autres encor de gruger En enrageant ; cela console, Lamotte, Fabl. I, 17.

  • 3 Fig. Gruger quelqu'un, lui dissiper son bien par toutes sortes de petites rapines. Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge, On nous mine par des longueurs, La Fontaine, Fabl. I, 21. Quoique les auteurs, nation ingrate et impolie, se moquassent de lui en le grugeant, Lesage, Diable boit. chap. 9.

    Gruger son fait, se dit d'une personne qui, ayant peu de bien, fait plus de dépense que ses ressources ne le comportent.

    Anciennement, au chapitre de Notre-Dame de Paris, gruger une maison, c'était, quand le chanoine qui la possédait ne l'avait point résignée, la vendre et en partager le prix entre les autres.

HISTORIQUE

XVIe s. L'estraignit si fort qu'elle le grugea plus menu que n'est menue la poussiere, Nuits de Straparole, t. II, p. 53, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Génev. greuger ; wallon, gruzî ; namur. greûji ; angl. to grudge ; du bas-allem. grusen, écraser ; holland. gruisen, d'après Grandgagnage.