« halte », définition dans le dictionnaire Littré

halte

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

halte

(hal-t') s. f.
  • 1Station que font des gens de guerre, des chasseurs, des voyageurs dans une marche. Supposez autour du monticule sur lequel le château s'élève tous les incidents d'une halte d'armée, et vous aurez le tableau de Casanove, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 166, dans POUGENS.

    Grande halte, la halte la plus longue que fait une troupe en marche ; c'est là que se fait le repas du milieu du jour.

    Faire halte, s'arrêter. La troupe fit halte pour laisser aux traînards le temps de rejoindre.

    Faire faire halte, arrêter le mouvement d'une troupe en marche. Persée, sur les dix heures du matin, ne se trouvant éloigné du camp des Romains que d'une petite demi-lieue, fait faire halte à son infanterie, et s'avance avec sa cavalerie, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IX, p. 47, dans POUGENS.

  • 2Lieu fixé pour la halte. Nous arrivâmes à notre halte avant la nuit.

    Grande halte, le lieu où une troupe fait la halte la plus longue.

  • 3Repas que l'on fait pendant la halte. Halte de chasse. Il avait fait préparer une bonne halte. Nous retournâmes à Chamarel, où nous mangeâmes une halte que j'avais, après avoir été douze heures à cheval, Saint-Simon, 29, 84.
  • 4 Fig. Pause, interruption momentanée. Là cette guerre qui nous suivait depuis Moscou se ralentit… une plus grande lutte [la campagne de 1813] se préparait, et cette halte ne fut pas un temps qu'on accorda à la paix, mais qui fut donné à la préméditation du carnage, Ségur, Hist. de Nap. XII, 11. Tu demandes de moi les haltes de ma vie ? Le compte de mes jours ?… mes jours, je les oublie, Lamartine, Harm. III, 6.
  • 5Halte, interj. dont on se sert pour commander à une troupe de s'arrêter.

    Halte-là ! arrêtez-vous, n'avancez pas.

    Il se dit surtout en termes de guerre. Crier à une patrouille halte-là.

    Halte-là, signifie aussi ne continuez pas. Halte-là donc, ma plume, Boileau, Sat. XI.

    Se dit aussi pour couper court à un langage qu'on ne peut pas ou ne veut pas entendre. …Halte-là, mon beau-frère ; Vous ne connaissez pas celui dont vous parlez, Molière, Tart. I, 6.

REMARQUE

Au XVIIe siècle, on n'aspirait pas l'h (Chifflet, Gramm. p. 31) : Alte un peu ; retenez l'ardeur qui vous emporte, Molière, l'Ét. III, 4. " Dans tous les livres et dans toutes les relations qui se sont faits en ces dernières guerres, on n'a point vu halte imprimé ni écrit avec une h ; et ce n'est que depuis ce temps-là qu'on a commencé à écrire ce mot, dont M. Coëffeteau n'a jamais osé se servir, n'étant pas encore en usage dans le beau style, " VAUGELAS, Rem. t. II, p. 1004, dans POUGENS. Aujourd'hui halte a repris l'h étymologique.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tant est alez, que nuit que jors, Qu'il est venuz el halt [séjour] des hors [ours] Et des lions et des lieparz, Partonop. V. 5739.

XVIe s. Qu'il [le duc de Guise] ne se peult excuser d'avoir faict alte et temporisé [à la bataille de Dreux] avecques les forces qu'il commandoit…, Montaigne, I, 342. Le mareschal se contenta de voir tirer quelques harquebusades à la courtine, et, après un long halte, retourna à la premiere place qu'il avoit prise, D'Aubigné, Hist. II, 455. À l'entrée de la nuict, qu'on avoit attendue par une longue halte, D'Aubigné, ib. III, 401.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. et ital. alto ; de l'allem. halten, tenir, s'arrêter ; Halt, s. m., halte, station.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

HALTE. Ajoutez :
6 Anciennement, droit de halte et gare, droit de halle perçu sur les blés, farines, avoines, orges, grenailles, charbons, foin et paille, Journ. offic. 3 déc. 1876, p. 8975, 3e col.